Qu’est-ce que la pensée ?
Voici une approche sur le sujet qui j’espère sera complétée par vos savantes contributions.
Comment une telle question peut-elle être abordée, étant donné que réfléchir à cette question, c’est dors et déjà penser sur la pensée. Ainsi, à priori, il semblerait que l’objet de cette étude ne pourra résoudre, dans l’idéal, que la question sur l’objet d’une pensée que nous nommons pensée, mais laissera dans l’ombre CELA qui pense cet objet. Nous sommes donc dors et déjà devant un paradoxe, devant l’évidence d’une zone d’ombre, d’un quelque chose qui ne peut se poser lui-même en tant qu’objet d’étude.
Toutefois, nous ne pouvons pas dire de cette analyse, que par elle, par sa manière de soulever une problématique, absolument rien ne nous soit révélé au sujet de la pensée. En effet, force est de constater que notre volonté à faire de la pensée un objet qui pourrait une fois pour toutes être circonscrit par notre étude, que cette volonté disais-je, montre positivement, par la révélation de l’impossibilité de cette circonscription, notre « puissance » à révéler notre impuissance.
Ce sera donc cette "impuissance-puissance" là, qui maintiendra de manière cohérente notre discours sur le sujet « la pensée », qui en tant qu’objet voulant être perçu de manière à ce que la question « qu’est-ce que la pensée ?» soit épuisée, se montrera comme se subtilisant, comme se retirant à l’infini de notre volonté d'avoir une emprise sur lui. De cet objet se retirant à l'infini naîtront nos infinis discours et tentatives de conceptualisations à son propos, et, en et par ce discours même, en et par ces conceptualisations, apparaîtra cet objet dans son insaisissable essence, dans sa vacuité.
En ce sens, le koan suivant : « L’expert en tire n’atteint pas la cible », prend tout son sens. En effet, l’étude de la pensée en tant qu’objet pourra être le support, le véhicule de la démonstration de la fuite et de l’insaisissabilité de cet objet nommé pensée, révélant ainsi dans cet aspect d’insaisissabilité, la véritable nature de la pensée qui à l’infini, grâce au support même du concept, peut converser.
C’est ainsi que le philosophe trouvera dans cette révélation en négatif, l’inépuisable matière de son discours, et c’est ainsi que le zenniste trouvera en elle le motif transcendant de son non attachement lui permettant de réaliser le silence intérieur, car c’est proprement dans la révélation de l’impuissance de son mental à circonscrire définitivement l’objet d’une quelconque étude, qu’il trouvera sa faculté naturelle à se dessaisir de tout objet.
Bon réveillon.