Zen et nous

Le zen, sa pratique, ses textes, la méditation, le bouddhisme, zazen, mu

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    Contestation politique et bouddhisme.

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    Contestation politique et bouddhisme. - Page 2 Empty Re: Contestation politique et bouddhisme.

    Message par Kaïkan Mar 2 Avr 2019 - 9:07


    Pour chifoumi (et aussi pour tout le monde bien sûr)
    Pour étoffer la pensée bouddhiste au sujet de l'âme voici un petit texte :

    André Bareau a écrit:Kamaleswar Rhattacharya. — L'àtman-brahman dans le bouddhisme ancien, Publications de l’École française d'Extrême-Orient, vol. XC, Paris, 1973, 168 p. — M. Bhattacharya est l'un des plus brillants jeunes savants indiens travaillant actuellement en France.

    Avec courage et l'aide d'une solide érudition, il reprend ici l'examen de l'un des plus anciens et des plus importants problèmes des études indiennes : celui de la reconnaissance ou de la négation de l' âtmanbrahman, du « soi » individuel et cosmique, par le bouddhisme ancien.
    Contrairement à l'opinion généralement admise, qui est celle des docteurs bouddhistes eux-mêmes depuis quelque vingt siècles, M. Bhattacharya soutient que « le Bouddha ne nie pas l'âtman upanishadique ; au contraire, il l'affirme indirectement, en niant ce qu'on croit faussement être l'âtman » (c'est l'auteur qui souligne). Il reprend l'étude des textes canoniques bouddhiques à propos desquels s'étaient jadis affrontés les partisans des deux thèses opposées et, en les comparant avec des passages des Upanishad et d'autres ouvrages brahmaniques qu'il connaît fort bien, il s'efforce de démontrer le bien-fondé de son interprétation et d'en tirer des conséquences dont l'audace surprendra sans doute nombre de lecteurs. Le titre du deuxième chapitre est significatif à cet égard : « Brahman — Âtman — Dharma — Bouddha = Nirvana. » II poursuit en montrant que les auteurs des Upanishad, tout comme les antiques bouddhistes, ont réagi de la même façon contre le ritualisme védique, les seconds plus radicalement, toutefois, que les premiers. Dans le chapitre IV, il examine quelques théories anciennes et modernes relatives à l'anattà bouddhique, réfutant celles de Buddhaghosa et de Rhys Davids, mais trouvant dans certains • ouvrages du Mahâyàna des idées qu'il juge compatibles avec les siennes.
    En conclusion, M. Bhattacharya soutient que le Bouddha était fidèle à l'esprit des Upanishad et que la différence entre lui et elles « paraît n'être qu'une différence d'accent », le Bouddha, étant plus sauveur que philosophe, s'intéressant plus au Chemin qu'au But, au contraire des auteurs des Upanishad, plus philosophes que sauveurs. Dans six appendices, M. Bhattacharya traite quelques questions secondaires de la doctrine bouddhique à la lumière de sa thèse. Un index multiple très complet termine l'ouvrage. Malgré sa science qui est grande, M. Bhattacharya n'a pas réussi, nous semble-t-il, à prouver que le Bouddha et ses premiers disciples croyaient à l'existence du brahman-âtman des Upanishad. En effet, dans l'état actuel de nos connaissances, il est impossible d'affirmer que les quelques textes canoniques bouddhiques sur lesquels il s'appuie, parmi des milliers d'autres, expriment vraiment les idées du Bouddha et de ses tout premiers disciples, et que les sutra dont il ne fait pas état, mais qui s'accordent mal avec la thèse qu'il défend, sont tardifs et entachés d'hérésie. Cependant, l'effort de M. Bhattacharya n'a pas été vain, loin de là, et sa présente contribution à l'étude du bouddhisme est importante. D'une part, il a bien montré que, dès une haute antiquité, peut-être même dès l'origine, il y eut chez les docteurs bouddhistes auteurs des sutra un courant de pensée étroitement apparenté à la doctrine des Upanishad et que ce courant de pensée a continué à se manifester, plus ou moins ouvertement, à travers toute l'histoire du bouddhisme. Ce fait n'est pas surprenant si l'on se souvient que presque tous les grands maîtres indiens de la doctrine bouddhique étaient de naissance brahmane, selon une tradition que rien ne vient démentir. D'autre part, et cela nous paraît plus important, M. Bhattacharya a contribué à mieux faire comprendre pourquoi les thèses upanishadiques sur l' àlman-brahman ont comme hanté l'esprit des penseurs bouddhiques, même quand ils s'en sont défendus et ont prétendu les réfuter. Derrière les conceptions bouddhiques du nirvana, du dharma, de la tathatâ, de la bouddhatâ, de la sunyatâ, de l'alayavijňána, du tathâgatagarbha, on devine l'âtman- brahman, très subtil, très épuré, très « vide » certes, mais bel et bien présent. On pourrait même dire que c'est cette présence de l'âtman-brahman, même réduite à une ombre, qui empêche la philosophie bouddhique, celles du Mahàyâna comme celle du bouddhisme antique, de sombrer dans le nihilisme qu'elle a toujours vigoureusement réfuté et que les controverses métaphysiques du bouddhisme, qui se situent presque toujours à la frontière de l'être et du néant, sont en quelque sorte des exercices de funambules qui se tiendraient en équilibre sur le fil étroit, invisible mais solide, de l' àtman-brahman. S'il n'a peut-être pas atteint le but qui lui était assigné, l'ouvrage de M. Bhattacharya demeure donc important pour la compréhension de la philosophie bouddhique en ses parties les plus essentielles.
    André Bareau
    source → https://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_1975_num_187_1_6187
    PS : On dit : i shin den shin (et non pas : "in shin den shin").
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    Message par Lumpinee Mar 2 Avr 2019 - 20:59

    Je me doutais bien que c'était mot ame qui le genait. Mais je pensais qu'il comprendrait que "ame" est synonyme de "esprit". J'aime la poésie, désolé.

    Si j'ai bien compris (excusez moi de revenir au fil, hein...Wink), Mandela était un terroriste, et ce qu'il a fait après a fait oublier qu'il a pris 30 ans pour terrorisme. Mais de nos jours, si quelqu'un faisait pareil, il prendrait aussi 30 ans, et on dirait de lui que c'est un fanatique...
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    Message par chifoumi Mer 3 Avr 2019 - 23:30

    Merci Kaïkan pour cette information.
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    Message par Rémi Mar 9 Avr 2019 - 1:56

    Lumpinee a écrit:Je me doutais bien que c'était mot ame qui le genait. Mais je pensais qu'il comprendrait que "ame" est synonyme de "esprit". J'aime la poésie, désolé.

    J'ai l'impression que le "il" me désigne. Pas la peine d'être désolé, il faut aimer la poésie ! Very Happy

    J'ai effectivement un peu chipoté. Je n'aurais peut-être pas du. C'est donc moi qui suis désolé. Mais au moins cela nous a permis de profiter du judicieux éclairage et de l'intervention de Kaïkan. pouce levé

    _____________________________________________________________


    Je reviens sur ce sujet au risque de l'élargir un peu. Disons qu'après tout, il est légitime, à partir de l'idée de contestation politique et de bouddhisme, de parler finalement des moyens habiles, car tout reviendrait à cette notion. Délicate et passionnante, je trouve.

    Je traîne, sur facebook, sur quelques pages anglophones qui parlent du zen. Très, très souvent, j'y retrouve ce genre de conseils donnés à des personnes ayant plutôt l'air d'être débutantes :

    "Just sit."  (Asseyez-vous simplement)  "Just do zazen and stop thinking too much"  (Faites zazen et ne penser pas de trop)

    Ce qui finit par me déranger beaucoup.

    Effectivement, pour la voie Soto, on ne peut rien dire de mieux que "fais zazen et tu verras bien". Mais je sais de source sûr, pour avoir été dans ce cas de figure, qu'on ne peut pas transmettre quoi que ce soit à quelqu'un qui serait piégé dans les raisonnements en lui disant juste d'arrêter.

    Ceci m'amène à vouloir en échanger un peu avec vous dans le cadre de ce sujet, car au niveau contestation politique, ça serait un peu la même chose au final : une première forme de "réalisation" zen, quelle qu'elle soit, pourrait amener assez vite à une position qui nous empêcherait d'avoir accès aux moyens habiles. Ayant atteint la profonde sérénité des zazens (et là j'utilise un gros raccourci, on sait bien qu'un zazen n'est pas toujours serein malheureusement  Laughing ), on court le risque (à l'image des anglophones des pages facebooks cités ci-dessus) de n'avoir rien d'autre à dire que : "fais zazen, fais zazen et tout ira mieux".

    D'où le problème suivant : la meilleure chose à dire (je crois effectivement que zazen est une sorte de réponse quasi absolue qui pourrait faire du bien pour presque tout, si pratiqué correctement et avec une juste compréhension) n'est pas la meilleure chose à dire à tout le monde. Si donc, au lieu de donner le conseil "qu'on se donnerait à nous-mêmes", on ne plonge pas dans la jungle des raisonnements erronés, pour aider l'autre à se tailler un chemin dedans, quel genre de boddhisattvas sommes-nous ?

    Je trouve souvent des gens avisés qui, dans la façon dont ils tournent leurs conseils, ont surtout l'air de vouloir prouver qu'ils ont le "truc", qu'ils ont compris, plutôt que de vouloir vraiment aider l'autre, quitte à montrer moins de "sagesse". Honnêtement, je trouve ça assez déplorable. Cela va de paire avec une rigidité militaire qu'on retrouve (malheureusement) dans une certaine association ayant tendance à avoir la main mise sur les dojos en France. Tout une théâtralité finalement égotique, ou au lieu de parler à celui qui est là et maintenant avec son point de départ, on fait le coq et on se parle à soi-même, comme si on avait encore besoin de se conforter dans sa propre pratique.

    J'ai peur de n'être pas tout à fait clair, mais ce point m'inquiète énormément, alors même si mes formulations sont bancales, je poste ce message. Car j'ai la triste impression que ceux qui sont le plus près d'avoir compris le Dharma, au lieu de le transmettre, veulent montrer qu'ils ont compris le Dharma.

    Et j'en viens à une autre conséquence concernant la contestation : tout mouvement politique, de même, me semble plus préoccupé de se "convaincre soi-même" que d'être efficace. L'efficacité, c'est faire l'effort sincère de penser comme l'autre. Dans le champ politique, personne ne prend ce risque, ce parce que tout le monde a peur qu'en se mettant à penser comme l'autre pour le comprendre vraiment, on en arrive à perdre le fil de sa propre idéologie. Au final, à cause d'un manque de confiance dans sa pratique (ou son idéologie politique), on la protège et on ne veut rien lâcher, alors que si l'on n'essaye pas sincèrement de comprendre l'autre, de voir s'il n'a pas plus raison que nous, toute discussion est vaine car on ne fait que parler à soi-même.

    Combien d'enseignements de gens ayant le titre de maîtres sont des soliloques visant à se conforter soi-même dans ses propres positions ?

    Je déteste tenir un discours aussi critique. Mais ces derniers temps (et je ne nommerai personne), j'ai vraiment l'impression que beaucoup de gens (et certains qui devraient quand même avoir un peu dépassé ce stade) ne font que se parler à eux-mêmes pour s'auto-convaincre au lieu d'enseigner.

    (moi-même, je ne sors pas dans ce message de l'écueil que je dénonce. Mais comme je ne suis pas un maître, ça passe, non ?  Laughing  )  (EDIT : ceci est une blague. Il n'y a pas plus d'infaillibilité zennale que papale. Il est donc un peu ridicule de juger plus durement quelqu'un parce qu'il aurait reçu la transmission. Mais, cela étant dit, si j'ai réussi à être clair, je crois que vous comprendrez mes inquiétudes et, en dehors de toutes critiques gratuites, la nécessité qu'il y a à prendre conscience de certains dangers inévitables pour ne pas "tomber dans le panneau" nous-mêmes, ce qui serait facile.)
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    Message par Lumpinee Mer 10 Avr 2019 - 20:36

    Ce que j'ai apprécié chez Brad Warner, c'est qu'il parlait de choses et d'autres, de la vie quotidienne, sans insister lourdement sur zazen. On avait presque l'impression qu'il ne parlait pas de bouddhisme. Une fille dans la salle s'est barré au bon de 20 minutes, car elle disait que ce n'était pas un vrai maitre, elle n'a pas saisi le message "caché" derirère son discours.

    Tu peux croiser de grand maitres parfois, au quotidien, mais il ne parle pas de vacuité ni de zazen, en tous cas il n'en font pas étalage.

    Je suppose que certains d'entre vous aiment trainer dans les magasins de bien etre. On y croise des gens qui s'intéressent aux énergies, c'est bien. Certains d'entre eux se permettent de donner des conseils, ou de te causer pendant des heures. Je suis très attentif aux gens, je sais rapidement à qui j'ai à faire (le regard dit beaucoup de choses...). Jusqu'à présent, j'ai très rarement rencontrer des personnes compétentes et sages.

    Je pense que dans tous les courants spirituels, religions ect... la plupart des maitres, des évèques, des rabins, sont bidons. Quand on voit la lumière, on  sait la voir chez les autres.

    Oui, pour aider quelqu'un, parfois quelques mots simples suffisent. Inutile d'étaler notre savoir, de convaincre, il suffit juste de savoir ECOUTER. C'est simple comme mot, mais dans la pratique, en vrai, très rares sont ceux qui savent écouter.

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