Je n'ai pas le temps de méditer !

Super ce site ! Merci Kaïkan !

Bof, je préfère à ce site ce que dit Eckart Tollé dans le sujet "en négatif",

Toutefois, je reconnais que les deux sont la perle brillante

Ahah ouais, sauf que la vidéo est insupportable de mièvrerie (pas dans ce qui est dit mais dans la façon dont elle est faite) et mal foutue, malheureusement (ENCORE PLUS de violons larmoyants, messieurs) ! Alors que le site sur Dogen est plutôt bien foutu !

Zenoob a écrit:Bonjour et merci pour ta réponse !

Donc en gros, si je te suis bien, la pratique assise est pour toi l'occasion privilégiée de pratiquer cette attention à ce que l'on fait, de s'entraîner à cette attention, entraînement qui ensuite se répercute sur une attention au quotidien ?

Si l'on regarde bien le bouddhisme, c'est la pratique de l'attention, le pilier du dharma de Shakyamuni.
Il faut lire le Satipatthana sutra, ça ne parle que de ça, l'établissement de l'attention, comme pratique centrale de méditation.
Dans le zen on a centré beaucoup les choses sur zazen, mais attention de ne pas faire de zazen un absolu, une nouvelle idole : zazen n'a de valeur que comme support de cette pratique de l'attention, où de toute façon la posture disparaît dans l'acte même de tourner son regard vers cet intérieur de soi qui est insondable et infini.
Ce matin j'ai retrouvé un petit livre sur le kaizen, techniques plus ou moins à visées managériales et de développement personnel, empruntées au zen, consistant à ne pas changer sa vie de façon radicale en faisant table rase de tout, mais par petites touches, par l'attention à de petites choses, ceci répété, répété, réajusté, répété, continué. En gros d'arriver aux grands changements par les petits.
C'est exactement d'attention dont on parle.
Le livre de Jérôme Calmar sur le chan, ne parle pas du tout de s'asseoir comme pratique d'éveil dans l'enseignement chan ancien, mais d'attention aux sensations, sur des périodes définies, et ce de façon cadrée et intensive.
L'attention, c'est vraiment la clé de voute du bouddhisme, le reste c'est des formes pour la pratiquer dans diverses conditions. Enfin, c'est ce que j'en pense.

Zenoob :
Donc en gros, si je te suis bien, la pratique assise est pour toi l'occasion privilégiée de pratiquer cette attention à ce que l'on fait, de s'entraîner à cette attention, entraînement qui ensuite se répercute sur une attention au quotidien ?

Bonjour,

Tout en approuvant Lausm, j'ajouterai que quand il est question d'attention au quotidien telle qu'en parle Zenoob, nous ne devons pas parler je pense d'une attention qui se poserait sur les activités quotidiennes, mais bien de l'état attentif en soi, l'attention sans objet; mushotoku. L'attention dirigée sur nos activités n'est pas à exclure, mais elle vient là en tant que moyen habile me semble t'il, pour aiguiser l'attention sans objet ; les deux formes d'attention ne me semblent pas pouvoir être tout à fait assimilées l'une à l'autre. Toujours est-il que de la même manière que l'attention au quotidien est mushotoku, zazen, n'est pas le fait de l’attention qui se poserait sur l’esprit pour le connaître, mais cette posture est bien plutôt l'expérience de l’Esprit-Attention, de l'esprit qui tel un récepteur est attention en soi. On voit ici la manière dont Lao Tseu exprime cette idée à mon sens :

Connais le masculin,
adhère au féminin,
sois le Ravin du monde
Quiconque est le ravin du monde,
la vertu constante ne le quitte pas.
Il retourne à l'état d'enfance.
Extrait du chap XXVIII du Tao tö King

La connaissance qui est masculine, ne serait donc pas le fait d’une recherche active, mais elle serait plutôt ce qui pénètre notre état de réceptivité que nous pourrions nommer "le connaître" et qu'on pourrait assimiler à l'adhérence au féminin dont nous parle Lao Tseu.

Et pour compléter un peu ce que dit Lausm (avec lequel je suis totalement d'accord sur ce sujet).
Voilà ce que Mtre Hsu yun:« Porter de l’eau et aller chercher du bois pour faire un feu n’est rien d’autre que la Vérité merveilleuse. Le binage des champs et la culture de la terre sont entièrement des potentialités Ch’an ». Cela dit bien que le seul fait de s’asseoir les jambes croisées puisse être considérée comme la pratique Ch’an.

Gassho

 
[wow]custom:Bonsoir Tout le Monde,,Ne rejette pas les apparences car elles sont le rayonnement de l'esprit lui-même. (Gampopa)[br]La clarté de la lune dépend de l'ombre des pins.[br](Deshimaru),50468C/t[/wow]

"La pratique" dans le Bouddhisme…

Le sentier Octuple comporte :

1. La compréhension juste.
2. La pensée juste.
3. La parole juste.
4. L’action juste.
5. Les moyens d’existence juste.
6. L’effort juste.
7. L’attention juste.
8. La concentration juste : la maîtrise de l’esprit qui parvient à élever l’être au samâdhi, ou la contemplation de la réalité, qui mène à l’Éveil total. Comme le bouddhisme est une façon de vivre, plutôt qu’une théorie de la vie, le parcours de ce sentier est indispensable pour tous les pratiquants de toutes les écoles.

https://zen-et-nous.1fr1.net/t402-quelques-verites-fondamentales-ou-principes-du-bouddhisme

L’attention juste (ou correcte) concerne le septième sentier. Il n’est pas inutile de considérer que, même s’il est important de suivre tous les sentiers, ils sont dans un ordre qui ne doit rien au hasard. L’attention juste est une pratique pleine de subtilité qui trouve son épanouissement comme le fruit d’une pratique longuement menée…

Pour un débutant je serais tenté de proposer surtout et avant tout : L’observation. Cela demande une certaine forme d’attention me direz-vous. Je n’en disconvient pas mais il y a une certaine passivité, un certain recul dans l’observation qui conviennent très bien à la compréhension juste (si on veut bien commencer par le commencement… )
Donc simplement observer son attitude, ses gestes ses émotions ses humeurs, sa respiration, tout cela sans intervenir ou essayer de changer quoi que ce soit. Observer en devenant conscient de soi-même.
Observer de façon détendue, calme en essayant de ne pas juger.

Quand à zazen, faut-il le rappeler, l’attention pendant zazen est « diffuse » et sans aucun effort.
Ce sera donc involontairement que l’on se retrouvera dans cet état en dehors de la séance de zazen, comme une preuve que zazen continue quelle que soit la posture…

Comme le souligne Fred dans le message n°31, le pratiquant du Mahayana n'a pas de buts ni de désirs de réalisation personnelle. Son action au quotidien est "mushotoku" c'est-à-dire que sa pratique est la pratique-réalisation immédiate (ici et maintenant)...

En fait, Fred parlait de l'attention sans objet : quand on ne centre pas son attention sur l'objet, alors on peut être conscient de la façon dont se passe la relation à l'objet. Qui est bien plus importante comme processus que l'objet qu'on observe, car il s'agit de cet espace qui n'est ni soi, ni non-soi. Mais là où se passe le vivant.

Bonjour,

Effectivement, je parlais d'attention sans objet, et je ne sais pas vraiment pourquoi, j'ai appelé ça mushotoku. En fait si je sais : Je sens ces deux choses comme très proches, confondues même. Quoi qu'il en soit, je trouve qu'il y'a une utilité à ce qu'il y'ait deux façons de nommer une même chose, c'est comme si on apportait deux éclairages différents sur une même sensation.

Kodo Sawaki :

Et dis-moi, puisque tu ne te trouves pas bien là où tu es, où exactement veux-tu aller?

S'asseoir en zazen, c'est comme transcender le "sans issue".