Je profite de ton sujet pour exprimer quelques réflexions et interrogations sur cette thématique de la douleur.
J'ai eu la malchance il y 6/7 ans de tomber sur une calamité de dentiste. Pour la faire court, il a fait une boulette sur une dévitalisation qui a entrainé des abcès en cascade. Bilan, trois passages sur le billard pour extraire dents, racines et os de la mâchoire, du sinus et du palais nécrosés.
Rien d’insurmontable pour la médecine moderne si ce n'est que dès qu'on trifouille dans ce réseau subtil de nerfs, on a 1 chance sur 5 (m'a-t-on dit après coup
) de déclencher des pathologies post-op.
Résultat, je souffre de névralgies idiopathiques, un peu du genre syndrome du membre fantôme chez les amputés, au niveau des dents qui ne sont plus là, et mon nerf trijumeau est enflammé, ce qui me donne la moitié du temps envie de m'arracher l’œil à la petite cuillère. Ou plutôt mon cerveau reçoit l'information que le trijumeau est touché, puisque le principe de cette forme de névralgie est un déphasage entre le centre de la douleur et la "réalité sur le terrain".
J'arrive enfin à l'essentiel après cette longue présentation (ouf)
- pendant près de deux ans, j'ai navigué d'examens en examens, de spécialistes en spécialistes, pour diagnostiquer l'origine du problème. Je ne souffrais pas plus à l'époque qu'aujourd'hui, mais l'impossibilité de mettre un nom ou un sens sur ces douleurs les rendait encore plus insupportables, même si j'avais l'espoir qu'on trouverait bien une solution.
Bizarrement, le jour où l'algologue qui m'a diagnostiqué m'a annoncé que je devrai sans doute vivre avec le reste de ma vie, j'ai soupiré de soulagement : cette information était devenue très supportable du fait même que je puisse cerner les contours de l'adversaire... même s'il tente chaque jour de m'envahir et de me faire tomber.
Je trouve cette anecdote assez instructive...
- J'ai débuté la pratique de zazen pour de toutes autres raisons que ces névralgies, mais je suis obligé de constater qu'il y a impact. J'ai remarqué qu'il n'existait aucune règle :
. il m'arrive de commencer zazen en pleine crise, et la douleur ne baisse pas, n'augmente pas;
. d'autres fois, je débute zazen au niveau minimum des douleurs et leur intensité augmente vivement pendant la pratique. Mais la douleur, diffuse et globalisante en temps normal, a tendance à se concentrer, se ramasser sur les foyers de départ (mâchoire et œil), ce qui est très agréable quelque part, car le reste de la face se libère de la tension permanente.
Dans cette deuxième situation, quelque soit le pic de douleur atteint pendant zazen, en sortant de méditation, elle retombe en dessous du seuil "normal", pas durablement, mais assez pour que je le relève et l'apprécie.
Je n'ai ni assez d'expérience, ni assez de recul pour analyser ces phénomènes, mais je les trouve intéressants.
Bon je reste tributaire d'un protocole d'anti-douleurs assez lourd au quotidien, mais j'entretiens l'espoir (l'illusion?) que je finirai par mieux comprendre et accepter ce nouveau fonctionnement/dysfonctionnement de mon corps pour l'alléger peu à peu.
Zenoob, je suis solidaire avec toi. Les douleurs dentaires font parti de celles qui peuvent rendre le plus facilement complètement fou, peut-être est-ce dû à la proximité de la douleur du centre du système nerveux. Alors courage!
Note: le clou de girofle est effectivement un antalgique naturel souverain. ce que tu peux aussi faire, c'est
diluer 1/2 gouttes d'huile essentielle de girofle dans un verre d'eau et gargariser en insistant sur la zone douloureuse.