Nieou-T'eou Fa-Jong
« Soyez sans point de vue, pas même celui d'être un homme »
Lire la suite ICILe maître de dhyana Fa-jong (582-657), de son nom de famille Wei, était originaire de Yen-ling dans la préfecture de Kiun. A l’âge de dix-neuf ans, il avait déjà étudié et pénétré à fond les classiques confucéens et les textes historiques. Alors qu’il étudiait le long soûtra de la Prajnâparamita, il eut la compréhension de la vacuité véritable. Un jour, il dit soudain en soupirant : « Les livres confucéens n’exposent pas la doctrine suprême, seule la claire vision donnée par la Prajna peut nous faire voguer hors de ce monde ». Après quoi, il mena une vie d’anachorète sur le mont Mao, où il devint moine bouddhiste. Il se rendit ensuite au mont Tête de buffle (Nieou-t’eou), et résida dans une grotte au pied d’une falaise située au Nord du temple Yeou-hi. On pouvait y voir l’étrange spectacle des oiseaux venant lui offrir des fleurs.
Source du texte (extrait de ) : Biographie de Nieou-T'eou Fa-Jong dans Tch'an, zen, racine et floraisons.
Bonjour à vousTuō nī a écrit:Bonjour à nous ,
Nieou-T'eou Fa-Jong
« Soyez sans point de vue, pas même celui d'être un homme »
C'est une question d'attitude pas de métaphysique.zanshin a écrit:
Toute conscience est conscience de quelque chose. Parler de "conscience sans objet" est-ce alors parler pour ne rien dire ?
S'il n'y a pas d'esprit, comment connaître la Voie ?
- La Voie n'est pas une chose à laquelle on puisse penser, comment concernerait-elle l'esprit ?
- Si l'on ne peut y penser, comment la garder constamment présente ?
- Penser, c'est donner existence à l'esprit. Donner existence à l'esprit, c'est tourner le dos à la Voie. Si l'on ne pense pas, l'on est sans esprit. Sans esprit, l'on demeure dans la Voie véritable.
A partir de là tout devrait être limpide...Tant que l'on s'accroche à l'existence d'un esprit, ce dernier existe même en l'absence de réflexions. Mais si l'on comprend ce qu'est l'affranchissement de l'esprit (wu-hsin), il y a affranchissement de l'esprit même lorsque les réflexions apparaissent. Pourquoi ? Parce qu'il en est de même que pour le maître de dhyãna assis dans le calme et laissant les pensées apparaître, ou le vent violent soufflant de toutes parts sans un esprit."
Entièrement d'accord...Fa a écrit:C'est une question d'attitude pas de métaphysique.zanshin a écrit:
Toute conscience est conscience de quelque chose. Parler de "conscience sans objet" est-ce alors parler pour ne rien dire ?
Cela parle de non-attachement, pas de psychologie de la perception...
Tout comme FA, je vois dans cette citation une proposition d'attitude à maintenir en méditation, pour atteindre une certaine communion avec la totalité (le Grand Un Absolu)« Soyez sans point de vue, pas même celui d'être un homme »
Si le non-attachement était de l'ordre de l'action, il serait aussi de l'ordre de l'inaction.Fa a écrit:Le non-attachement est de l'ordre de l'action, et dans ce sens, il n'est ni physique, ni méta-physique.
Evoquer le méta-physique c'est ouvrir la porte au physique, de même tout ramener au physique c'est
faire un appel d'air au méta-physique, au sujet d' une réalité qui n'est ni l'un, ni l'autre, mais
foncièrement insaisissable.
Dans la même orientation je propose ce petit texte inspiré d' Alan Watts :tangolinos a écrit:Or d'instant à instant le contexte se modifie alors que la trace écrite aurait eu la prétention de stopper cette fluctuation...
Il me semble important de comprendre que la plénitude absolue est permanente, et que quelque part c'est notre aveuglement qui nous incite à faire des tentatives d' améliorer notre vision...
Un peu comme s 'il nous semblait possible de percevoir l'imperceptible tout comme de manifester l'inmanifestable..
Il y a, comme le souligne tangolinos, une limite à la possibilité des mots, car ce que nous essayons d'échanger dans nos messages est la plupart du temps à lire entre les lignes.Alan Watts nous dit que la seule "modification" serait d'accepter que cette partie de "moi" qui voudrait changer son "moi" ou "le monde" est précisément celle qui aurait besoin d'être "modifiée" en Joyeuse Acceptation & Cosmologie de ce qui Est, de ce qui est là, tout de suite, ou "ici et maintenant" selon la formule habituelle. Mais, là aussi, tout change spontanément, et Watts était d'accord avec Aldous Huxley selon qui "toute formule verbale peut devenir, pour celui qui la prend trop au sérieux et l'adore avec idolâtrie comme si elle était la réalité symbolisée par les mots, un obstacle sur la voie de l'expérience immédiate."
http://alanwattsapopha2.canalblog.com/archives/2010/06/24/18408192.html
Kaïkan a écrit:Il y a, comme le souligne tangolinos, une limite à la possibilité des mots, car ce que nous essayons d'échanger dans nos messages est la plupart du temps à lire entre les lignes.
C'est probablement dans ce silence entre les lignes que se trouve notre véritable communication.
Tout à fait, c'est bien ce que je voulais dire. De l'ordre de l'action/inaction (Usage-fonction), que du physique/métaphysique.Si le non-attachement était de l'ordre de l'action, il serait aussi de l'ordre de l'inaction.
On pourrait aussi dire, que la liberté est un idéal, et que le non-attachement si situe au delà de tout idéal,etc...Le non-attachement est l'expression même de la liberté de celui qui ne suit aucun ordre particulier car il n'est relié à rien de spécial.
En fait, je pense très sérieusement que ce n'est pas que le Bouddhisme Zen qui est une théorie de l'action. Ce n'est pas parce que le Bouddhisme indien, de par certaines potentialités spécifiques, est devenu "métaphysique" que l'enseignement du Bouddha n'était pas un enseignement de l'action. Si l'on lit attentivement ceux des suttas du Canon Pali qui sont vraiment anciens (il y en a de nombreux qui sont évidemment postérieurs), on voit bien qu'il ne s'agit pas de tomber soit dans l'intellectualisme, soit dans le bête matérialisme, mais toujours de quelque chose qui joint et transcende les deux.Fa a écrit:(...) Je crois que c'est Nishima, qui se réfère au Bouddhisme Zen comme une théorie de l'action.Si le non-attachement était de l'ordre de l'action, il serait aussi de l'ordre de l'inaction.
C'est aussi en cela que le Bouddhisme Zen diffère profondément du Bouddhisme Indien beaucoup plus branché "métaphysique"...
Je te remercie pour tes observations qui me semblent adéquates avec la transmission dont parfois tu sembles t' être détaché.Yudo, maître zen a écrit:En fait, je pense très sérieusement que ce n'est pas que le Bouddhisme Zen qui est une théorie de l'action. Ce n'est pas parce que le Bouddhisme indien, de par certaines potentialités spécifiques, est devenu "métaphysique" que l'enseignement du Bouddha n'était pas un enseignement de l'action. Si l'on lit attentivement ceux des suttas du Canon Pali qui sont vraiment anciens (il y en a de nombreux qui sont évidemment postérieurs), on voit bien qu'il ne s'agit pas de tomber soit dans l'intellectualisme, soit dans le bête matérialisme, mais toujours de quelque chose qui joint et transcende les deux.
et pour conclure, je dirais=Yudo, maître zen a écrit:Connaissant la propension des Français à l'intellectualisme, même et surtout en niant ce dernier, j'imagine aisément que le Bouddhisme en France puisse, éventuellement, dériver vers quelque chose de similaire. Le mépris traditionnel de la France pour le travail manuel n'aide pas en ce sens.
Fa a écrit:On pourrait aussi dire, que la liberté est un idéal, et que le non-attachement si situe au delà de tout idéal,etc...
Mais il est vrai, que dés qu'on s'accroche aux mots, on tombe en enfer, quelque-soit les mots employés....
Fa a écrit:(...) permet d'éviter l’écueil de la dualité corps/esprit. (...)
c'est vrai que "ni l'un, ni l'autre" peut aussi vouloir dire les deux en même temps.Yudo, maître zen a écrit:(...) quelque chose qui joint et transcende les deux.(...)
la pensée étant plus volatile que l'acte, il est bien évident que s'il n'y a pas d'acte, ça finit par s'envoler...Yudo, maître zen a écrit: Le mépris traditionnel de la France pour le travail manuel n'aide pas en ce sens.