Ce qu'il faut
Beaucoup de pratiquants se demandent ce qu'il faut être (pour être sur la Voie). Ne faut-il pas être mushotoku ? Faut-il être ceci ou cela ?
Je réponds toujours il ne faut pas être quoi que ce soit. Je veux dire qu'il n'y a pas de prérequis on vient tel que l'on est.
Pourtant la question est importante et soulève bien des interrogations car on a tous des aspirations vers un idéal et on a tous des idées préconçues sur comment il faudrait être. D'ailleurs on s'attend à ce qu'un moine ou un maître soit comme ceci ou comme cela et surtout pas qu'ils soient tout simplement des êtres simples et normaux comme tout le monde.
Alors examinons attentivement et clairement "ce qu'il faut" ou "ce qu'il faudrait"
En premier lieu je crois très sincèrement qu'il faut (faudrait) faire un premier pas dans la vison correcte (ou opinion correcte) qui est le premier de l'octuple sentier. C'est probablement en comprenant les quatre nobles vérités, en adoptant cette opinion ou cette vision de Duḥkha (souffrance, chagrin, affliction, douleur, anxiété, insatisfaction,) en ce qui concerne l'existence qu'on trouve la pratique du bouddhisme indispensable.
Entendons-nous bien il ne s'agit pas d'un dénigrement de la vie humaine qui comporte ses joies et ses peines, mais du constat clair et sans équivoque de l'impossibilité d'être vraiment heureux car nous sommes confrontés tout le long de l'existence à la souffrance d'être sans cesse séparés de ce qui nous plaît et nous attire et d'être toujours confrontés aux ennuis que nous voudrions éviter. On fini tous par vieillir, à perdre nos amis et nos proches, à faire face aux maladies et finalement à mourir. Lorsqu'on regarde autour de soi on voit les peuples se faire des guerres incessantes pour des raisons finalement assez futiles qui pourraient être facilement réglées par quelques compromis, mais la souffrance semble engendrer toujours plus de souffrances, et la bêtises remplace la conduite intelligente qui mettrait fin au chaos.
Par conséquent, en prenant conscience de tout ce gâchis on peut avoir recours au bouddhisme qui propose de s'asseoir, de méditer, de prier.
Au départ il y a donc forcément un but, un désir, une aspiration vers un monde plus juste, plus vivable, plus harmonieux, un peu meilleur en quelque sorte.
Aider tous les êtres en se dissociant de ce tourbillon de vanités et de stupidités pour aller vers le calme et la paix pour soi-même et pour les autres.
Donc être ou ne pas être mushotoku n'est pas le problème fondamental. Avoir des buts altruistes ça n'est pas si mal après tout, quant aux profits s'ils peuvent servir à tout le monde comme le partage de la paix, et bien ce n'est pas ce genre de profit qui devrait être négligé ou rejeté.
Après bien sûr, sur ce chemin si toute notion d'obtention disparaît c'est peut-être que le fruit a mûri.
Chaque chose en son temps, on avance pas à pas.
Une pratique solide