par Huanshen Jeu 28 Mai 2009 - 10:34
Absolument Steffzen, actuellement le Shiho Soto n'a plus de rapport avec la transmission de la lumière des patriarches. Les prêtres Zen japonais doivent reprendre le temple de leur père et le Shiho est un passage obligé. Il faut d'ailleurs l'obtenir dans les 15 ans maximum, sans quoi il faut renouveler son ordination. S'agissant de l'AZI, la Sotoshu a essayé de reprendre le contrôle suite au décès de Deshimaru en demandant à Renpo Niwa Zenji de donner le Shiho à trois élèves. Le choix était relativement arbitraire et l’AZI n’a plus de connexion avec la Shotoshu qu’avant. Guido et d'autres sont allés au Japon pour chercher leur Shiho par la suite. Bref, c'est totalement administratif.
Le mérite de Kodo Sawaki, c'est de ne pas avoir eu de temple. Sans cette contrainte, on peut se consacrer à la pratique. Je connais des moines Soto japonais qui pratiquent seuls dans les montagnes, mais ils sont rares.
L'Inka Shomei de l'école Rinzai est pour sa part beaucoup plus exigeante. Mais on pouvait même l'acheter à une certaine époque.
Quoi qu’il en soit, les écoles sont les écoles. Elles sont nécessaires, mais ne sont pas des fins en soi, en effet.
Khât, je vois ce que tu veux dire en effet. Sous l’angle Yogachara, on peut dire que le karma et la nature de Bouddha sont les deux faces d’Alayavijnana. Dans la tradition chinoise, on parle de l’essence (t’i) et de la fonction (yung) de l’esprit (hsin). Mu est « rien » dans son essence, « tout » dans sa fonction, car si l’esprit est essentiellement vide, il est la source et la condition d’apparition des phénomènes.
C’est en réalité assez simple à voir, mais difficile à réaliser. En observant la source de nos pensées, on peut constater qu’elles proviennent de l’espace vide de la conscience (l’esprit). Ce vide est non localisable. Il n’a pas de forme, pas de couleur. Il n’a pas d’être propre puisqu’il n’est pas une chose. Il n’est ni dans le corps, ni en dehors du corps. Et pourtant il est lumineux. Il est pure conscience et il a la capacité de connaître. Il est aussi à la source de la pensée « Mu ».
Le mot « Mu » prononcé mentalement prend forme dans ce vide, demeure dans cette espace de la conscience nue et y retourne. Il en va de même pour toutes nos perceptions, émotions et sensations.
Nous sommes cette conscience impersonnelle, cet esprit vide et lumineux qui réfléchit les phénomènes, produit les pensées, etc... On la nomme embryon de l’ainsi-venu (Tathagatagarbha), car cette nature de Bouddha existe déjà ici et maintenant à l’état embryonnaire. C’est « l’esprit qui ne repose sur rien » de Huineng, le « non-né » de Bankei. La tradition du Dzogchen l’appel « rigpa ». C’est aussi le l’ « état naturel » du Mahamudra.
C'est aussi cet esprit dont parle Linzi, cet esprit qui est déjà présent à condition de ne pas le voiler par nos pensées. Il n'a a pas d'autre maître. Ne rajoutons pas une tête au dessus de notre tête.