On lit souvent que le bouddha a dit que toute sensation était dukkha, insatisfaction.
Voilà l'état de ce que j'ai compris "théoriquement" : du moment que l'on parle d'une sensation, c'est qu'on a identifié une sorte d'objet sensible, et que donc on l'a circonscrit : on en a fait quelque chose d'impermanent, un objet avec un début et une fin. En cela, toute sensation est vouée à apparaître et disparaître : elle est donc par nature insatisfaisante, elle ne peut pas permettre une satisfaction durable. C'est donc plutôt la saisie d'une sensation, et non la sensation "en elle même", qui est insatisfaisante ; en même temps, une sensation "en elle même", ça n'existe pas, pour parler d'une sensation il faut bien la saisir d'une manière ou d'une autre et entrer dans une forme de dualité. D'où la phrase du bouddha qui dit que "toute sensation est nécessairement dukkha". A partir du moment où on parle d'une sensation, on parle de quelque chose qu'on a saisi et qui donc est temporaire, fugace et instable - et qui nous rend tout aussi temporaire, fugace et instable. Bon, ok (corrigez moi si je me trompe).
Le "problème" c'est que je ne vois pas bien le rapport entre ça et dukkha, je ne le ressens pas. Quand je suis une sensation en zazen, par exemple dans les mains, très précisément, je repère bien que la continuité du toucher est une illusion : en fait, c'est fait de plein de toutes petites impulsions hyper fugaces. Ok, mais ça ne me rend pas particulièrement insatisfait ; je ne vois pas pourquoi le fait qu'une sensation soit impermanente devrait faire souffrir ou être insatisfaisant, en tout cas, je ne le ressens pas comme ça...
Comment interpréter correctement ce truc ?
Merci !