Le corps vécu pendant zazen – Impressions et sensations.
Il s’ensuit qu’on se défait de l’habitude consistant à dialoguer avec soi-même.
Le corps est l’objet principal de l’observation, on pense avec le corps tout entier. Comment fait-on ?
D’abord bien-sûr, il est important d’installer une respiration calme, ventrale. L’expiration est lente, le ventre se creuse sous le sternum et une légère expansion est ressentie dans le bas-ventre au point d’appui du tranchant des mains posées en Hokkai-jōin : 法界定印 (Jap) mudrā cosmique
![Le corps vécu pendant zazen – Impressions et sensations. Postur10](https://i.servimg.com/u/f39/18/34/05/94/postur10.gif)
A la fin de l’expiration, on relâche toute tension et l’inspiration se fait naturellement sans effort en quelques secondes. L’énergie remonte et le ventre se « regonfle » au niveau de l’estomac. On veille à ce que les épaules ne remontent pas.
La respiration s’établit finalement sur un rythme régulier et automatique, un peu comme le mouvement de va-et-vient des vagues sur une plage par temps calme.
Il faut alors faire attention de ne pas s’endormir ou de rêvasser. On concentre son attention sur ce qu’on appelle la « tension-détente », c’est-à-dire la tension juste du corps tout entier dans la posture. Ce n’est pas un effort physique à proprement parler, bien qu’il y ait une sorte d’étirement souple de la colonne vertébrale vers le haut. Cela ne se fait pas avec le muscle, mais avec l’idée de pousser le ciel avec le sommet du crane et le sol avec les genoux.
![Le corps vécu pendant zazen – Impressions et sensations. Postur11](https://i.servimg.com/u/f39/18/34/05/94/postur11.gif)
Quand cette tension juste est installée, on a l’impression d’être un bloc solide, comme un rocher ou une petite montagne.
Alors, on pense avec le corps. Ce n’est pas l’esprit qui dirige le zazen, mais le corps lui-même. C’est le corps qui tire la conscience vers tel ou tel point pour qu’elle regarde ; et à peine l’esprit ressent-il : "il faudrait détendre un peu ici", que le corps l’a déjà fait et va sur autre chose. C’est comme si une autre forme de dialogue sans mots, n’utilisant que l’intuition se met en place. Comme si c’était zazen qui faisait zazen.
Bien sûr on voit passer des pensées qui apparaissent, s’en vont, surgissant dans un espace autour du corps, pas forcément toujours au niveau de la tête, mais peu d’importance est donnée à ces « nuages ».
Parfois il y a des odeurs ou des sons que l’on perçoit comme des images ou des pensées que l’on entend, car l’abandon des habitudes discriminatives laisse les skandhas (aggrégats) aller et venir librement, et couleurs, sons, sensations, sentiments, se mélangent sans gêner le samâdhi.
Parfois la conscience elle-même semble se dissoudre sans que la posture ne bouge d’un iota.
Evidemment pour chacun et à chaque zazen l’expérience est différente.
J’espère avoir donné dans ce résumé du zazen de ce matin quelques éclairages au sujet du corps vécu pendant zazen et de comment on pense avec le corps tout entier.
J’espère aussi que d’autres pratiquants apporteront leur opinion, leur vision pour le bien de tous….
Bon zazen…
![Le corps vécu pendant zazen – Impressions et sensations. Sahasr10](https://i.servimg.com/u/f39/18/34/05/94/sahasr10.jpg)