http://www.patheos.com/blogs/monkeymind/2018/08/on-finding-a-zen-teacher.html
August 2, 2018 by James Ford
[James Ishmael Ford (Zeno Myoun rôshi) est un prêtre zen américain. Né à Oakland, Californie en 1948. ]
J'ai reçu aujourd'hui une note d'un "ami" fessebouc. Quelqu'un que j'aime bien et qui me paraît réfléchi, au moins dans ses publications. Il dit qu'il finit un de mes plus récents livres et qu'il est aux prises avec la question d'avoir besoin d'un maître zen. Il me demande mon avis.
Il m'a paru que cela méritait qu'on en traite publiquement. Je crois que cela pourrait être utile pour plein de gens. J'en ai parlé à plusieurs reprises. la Soto Zen Buddhist Association publie même une de mes réflexions antérieures sur le sujet sur leur site. Dans l'ensemble, je continue à penser que cet article reste utile.
J'y recommande de commencer par lire sur le Bouddhisme et le Zen. Il faut savoir ce dans quoi vous mettez les pieds. Je considère que c'est basique. Cela devrait se faire en même temps que de s'essayer à la pratique réelle du Zen. Franchement, sans ces deux, tout ce qui suit n'a aucun sens.
Cela dit, je crois que trouver un groupe avec lequel s'asseoir est essentiel. En fait, dans une publication fessebouc récente, j'ai suggéré que trouver le bon groupe est encore plus important que l'enseignant. J'ai eu des réactions à ça. J'ai remarqué que la plupart venait d'enseignants. Mais, au delà du sarcasme, ils ont quand même raison, le groupe ne suffit pas. Il est profondément important, mais insuffisant. Peut-être qu'il s'agit d'une autre concommittance. J'en reparlerai.
Avec un peu de lectures, une pratique, et selon moi un groupe de pratique, le besoin d'un maître devient critique, à ce point.
Ceux d'entre nous qui sont de la génération de l'après-guerre ont des problèmes avec l'autorité et donc avec les maîtres. Heureusement, pour les jeunes nés aux alentours de l'an 2000, il semble que cela soit moins problématique. Même si je n'en suis pas tout à fait sûr. Cela vaut le coup de consulter nos propres coeurs et d'explorer ce qui nous fait désirer un guide ou nous rend hésitants à en avoir un. Les deux attitudes nous offrent des indices pour comprendre nos propres coeurs.
Mais voilà le truc. Sur la voie du Zen, on a besoin d'un guide, et d'un doté d'un corps humain. La probabilité de pouvoir faire son chemin tout seul avec succès est assez faible. Il en est qui y arrivent. Mais je parierais volontiers des sous que ce ne sera pas vous.
Un maître est quelqu'un qui a parcouru le trajet depuis plus longtemps que vous, a vécu une part des pièges et des lacets tendus sur le chemin et a réussi a parcourir la grande voie qui conduit a guérir son propre coeur et a acquis en cours de route des compétences qui pourraient vous être utiles un jour sur la vôtre. Il/elle n'est pas un gourou. Il/elle n'est pas un maître parfait. Une partie de la joie de la voie du Zen, de toute façon, c'est que nous sommes tous des abrutis sur ce bus -- ensemble. Mais il/elle connaît le chemin et peut vous guider, vous entraîner.
Donc...
Comment se trouve-t-on un maître zen? Si vous vivez sur les côtes [Est et Ouest des USA ndt], la densité est assez forte de nos jours. Dans le centre, avec des exceptions notables comme le Colorado, l'Illinois, et le Minnesota, ça peut être plus difficile. Mais il y en a.
Le problème est d'apprendre à trier le grain de la balle. Et veuillez noter qu'il y a un tas de son autour du blé.
Quand j'ai commencé à pratiquer le Zen à la fin des années '60, les maîtres zen étaient difficiles à trouver. La plupart étaient japonais et tous avaient des références assez simples. Evidemment, il s'est révélé que cela ne suffisait pas. Et nous, qui avions embrassé la voie du Zen en Occident, avons commencé un long voyage de découvertes sur ce que pourrait être un maître zen.
Et c'est alors que les vannes se sont ouvertes. Et ce fut un bordel. D'une part, il y avait ceux qui ressentaient le besoin de dissoudre nos illusions sur les enseignants zen en tant que maîtres parfaits. Si l'on considère une partie de la rhétorique traditionnelle, je pense que c'était nécessaire. Parmi eux, Stuart Lachs a été l'auteur de plusieurs mises en garde importantes, comme [url=[url=zenmontpellier.net/fr/articles/hierarchie.html]zenmontpellier.net/fr/articles/hierarchie.html[/url]]celle-ci.[/url].
D'autre part a émergé une petite industrie artisanale de gens qui ont décidé qu'ils étaient des maîtres zen sans passer par la difficulté de se faire autoriser par un vrai maître zen. (J'ai effacé un lien qui décrivait un membre de cette tribu. Il vous suffit de regarder et de voir qui ils disent les a autorisés. Aucun maître zen légitime n'ignore cette question critique).
Et puis il y a les divers scandales, pour la plupart sexuels.
Ceci a entraîné beaucoup de vulnérabilité et a encouragé la création de systèmes de responsabilité. Il y a aujourd'hui des associations de maîtres zen, telles que celle-ci, celle-ci, et celle-là. Toutes sont préoccupées d'un minimum de références et de codes éthiques.
Ce qui a pratiquement fait disparaître les maîtres auto-proclamés. Cependant... Ce que nous avons maintenant, c'est une foule croissante de gens. Ils ont au moins techniquement parlant, l'autorisation formelle en tant que maîtres zen. Mais. Vous ai-je parlé de grain et de balle (blé et son)?
Les différentes associations tendent à prendre une quelconque forme d'autorisation formelle et publiquement annoncée comme ligne de départ. Et je crois que c'est essentiel. Nécessaire. Mais il y a un problème. La "transmission du Dharma", cette autorisation formelle, n'est juste pas suffisante.
Voilà le truc. Les maîtres authentiques de la voie sont aussi rares que les dents de poule. Et les références institutionnelles commencent à montrer leurs limites, à ce point. Si vous voulez vous trouver un "vrai" maître, bonne chance. Vous feriez mieux de vous chercher un maître compétent, quelqu'un qui a fait plus de route que vous, et qui paraît avoir quelque efficacité en tant que guide.
Tout cela dit en tant que fond, on en arrive à ce qui me paraît les qualifications nécessaires pour un maître zen. (Et veuillez noter maître zen en tant que directeur spirituel. Mon expérience étant qu'il y a des prêtres zen légitimes qui se forment au Japon ou dans des programmes monastiques inspirés du Japon, et qui sont préparés à être des prêtres zen -- c-à-d à conduire des pratiques liturgiques. Il y en a qui sont des directeurs spirituels, mais pas tous...)
Vous cherchez donc un maître zen? Vous voulez quelqu'un qui a de l'expérience, qui a parcouru le sentier depuis longtemps et pourrait vous être un bon guide?
Voilà ce que vous devez chercher:
En imaginant que vous avez déjà commencé à vous asseoir, que vous avez eu des lectures, en ligne et en livres, et que vous avez cherché une communauté de pratique. Ce sont là des choses très basiques. En particulier le fait de s'assoir et les lectures.
Numéro un: Sont-ils de vrais étudiants sérieux du Zen? Depuis combien de temps pratiquent-ils? Où? Et avec qui?
Numéro deux: Qui les a autorisés? Est-ce un lignage sérieux et de pratique soutenue? Y a-t-il des questions sur la lignée ou sur le maître du maître? Ça casse pas des briques, mais c'est important à savoir.
Numéro trois: Qu'en est-il de la communauté au sein de laquelle ils pratiquent? On peut en apprendre long, et ils se peut que cela sera tout ce dont vous aurez besoin pour savoir si c'est la bonne personne pour vous. La bonne personne ou pas. Tout ce truc est une mystérieuse combinaison de qualifications et de chimie.
Numéro quatre: Faites l'essai. Asseyez vous avec cette personne. Assistez à des retraites qu'ils mènent. Prenez votre temps. Voyez où vous conduit votre coeur.
Numéro cinq: Alors, et seulement alors, inclinez vous. Offrez un boîte d'encens à cette personne. Prenez la comme directeur spirituel. Pas comme le propriétaire de votre vie, mais comme quelqu'un qui a parcouru une voie spirituelle et peut vous aider à parcourir la vôtre.
Ils doivent continuer à parcourir ce chemin, d'ailleurs. S'ils ont cessé d'apprendre, soyez soupçonneux. S'ils vous demandent de faire quelque chose d'illégal ou d'immoral, eh bien, vous êtes grands; faites la réponse appropriée. Il est fini le temps de ce maître-ci ou pas de maître du tout. Appropriez-vous cette partie de la pratique.
Faites ça, et bon, okay, aucune garantie que ça marche, mais au moins vous serez en chemin. Le Grand Chemin.
Meilleurs voeux.
August 2, 2018 by James Ford
[James Ishmael Ford (Zeno Myoun rôshi) est un prêtre zen américain. Né à Oakland, Californie en 1948. ]
J'ai reçu aujourd'hui une note d'un "ami" fessebouc. Quelqu'un que j'aime bien et qui me paraît réfléchi, au moins dans ses publications. Il dit qu'il finit un de mes plus récents livres et qu'il est aux prises avec la question d'avoir besoin d'un maître zen. Il me demande mon avis.
Il m'a paru que cela méritait qu'on en traite publiquement. Je crois que cela pourrait être utile pour plein de gens. J'en ai parlé à plusieurs reprises. la Soto Zen Buddhist Association publie même une de mes réflexions antérieures sur le sujet sur leur site. Dans l'ensemble, je continue à penser que cet article reste utile.
J'y recommande de commencer par lire sur le Bouddhisme et le Zen. Il faut savoir ce dans quoi vous mettez les pieds. Je considère que c'est basique. Cela devrait se faire en même temps que de s'essayer à la pratique réelle du Zen. Franchement, sans ces deux, tout ce qui suit n'a aucun sens.
Cela dit, je crois que trouver un groupe avec lequel s'asseoir est essentiel. En fait, dans une publication fessebouc récente, j'ai suggéré que trouver le bon groupe est encore plus important que l'enseignant. J'ai eu des réactions à ça. J'ai remarqué que la plupart venait d'enseignants. Mais, au delà du sarcasme, ils ont quand même raison, le groupe ne suffit pas. Il est profondément important, mais insuffisant. Peut-être qu'il s'agit d'une autre concommittance. J'en reparlerai.
Avec un peu de lectures, une pratique, et selon moi un groupe de pratique, le besoin d'un maître devient critique, à ce point.
Ceux d'entre nous qui sont de la génération de l'après-guerre ont des problèmes avec l'autorité et donc avec les maîtres. Heureusement, pour les jeunes nés aux alentours de l'an 2000, il semble que cela soit moins problématique. Même si je n'en suis pas tout à fait sûr. Cela vaut le coup de consulter nos propres coeurs et d'explorer ce qui nous fait désirer un guide ou nous rend hésitants à en avoir un. Les deux attitudes nous offrent des indices pour comprendre nos propres coeurs.
Mais voilà le truc. Sur la voie du Zen, on a besoin d'un guide, et d'un doté d'un corps humain. La probabilité de pouvoir faire son chemin tout seul avec succès est assez faible. Il en est qui y arrivent. Mais je parierais volontiers des sous que ce ne sera pas vous.
Un maître est quelqu'un qui a parcouru le trajet depuis plus longtemps que vous, a vécu une part des pièges et des lacets tendus sur le chemin et a réussi a parcourir la grande voie qui conduit a guérir son propre coeur et a acquis en cours de route des compétences qui pourraient vous être utiles un jour sur la vôtre. Il/elle n'est pas un gourou. Il/elle n'est pas un maître parfait. Une partie de la joie de la voie du Zen, de toute façon, c'est que nous sommes tous des abrutis sur ce bus -- ensemble. Mais il/elle connaît le chemin et peut vous guider, vous entraîner.
Donc...
Comment se trouve-t-on un maître zen? Si vous vivez sur les côtes [Est et Ouest des USA ndt], la densité est assez forte de nos jours. Dans le centre, avec des exceptions notables comme le Colorado, l'Illinois, et le Minnesota, ça peut être plus difficile. Mais il y en a.
Le problème est d'apprendre à trier le grain de la balle. Et veuillez noter qu'il y a un tas de son autour du blé.
Quand j'ai commencé à pratiquer le Zen à la fin des années '60, les maîtres zen étaient difficiles à trouver. La plupart étaient japonais et tous avaient des références assez simples. Evidemment, il s'est révélé que cela ne suffisait pas. Et nous, qui avions embrassé la voie du Zen en Occident, avons commencé un long voyage de découvertes sur ce que pourrait être un maître zen.
Et c'est alors que les vannes se sont ouvertes. Et ce fut un bordel. D'une part, il y avait ceux qui ressentaient le besoin de dissoudre nos illusions sur les enseignants zen en tant que maîtres parfaits. Si l'on considère une partie de la rhétorique traditionnelle, je pense que c'était nécessaire. Parmi eux, Stuart Lachs a été l'auteur de plusieurs mises en garde importantes, comme [url=[url=zenmontpellier.net/fr/articles/hierarchie.html]zenmontpellier.net/fr/articles/hierarchie.html[/url]]celle-ci.[/url].
D'autre part a émergé une petite industrie artisanale de gens qui ont décidé qu'ils étaient des maîtres zen sans passer par la difficulté de se faire autoriser par un vrai maître zen. (J'ai effacé un lien qui décrivait un membre de cette tribu. Il vous suffit de regarder et de voir qui ils disent les a autorisés. Aucun maître zen légitime n'ignore cette question critique).
Et puis il y a les divers scandales, pour la plupart sexuels.
Ceci a entraîné beaucoup de vulnérabilité et a encouragé la création de systèmes de responsabilité. Il y a aujourd'hui des associations de maîtres zen, telles que celle-ci, celle-ci, et celle-là. Toutes sont préoccupées d'un minimum de références et de codes éthiques.
Ce qui a pratiquement fait disparaître les maîtres auto-proclamés. Cependant... Ce que nous avons maintenant, c'est une foule croissante de gens. Ils ont au moins techniquement parlant, l'autorisation formelle en tant que maîtres zen. Mais. Vous ai-je parlé de grain et de balle (blé et son)?
Les différentes associations tendent à prendre une quelconque forme d'autorisation formelle et publiquement annoncée comme ligne de départ. Et je crois que c'est essentiel. Nécessaire. Mais il y a un problème. La "transmission du Dharma", cette autorisation formelle, n'est juste pas suffisante.
Voilà le truc. Les maîtres authentiques de la voie sont aussi rares que les dents de poule. Et les références institutionnelles commencent à montrer leurs limites, à ce point. Si vous voulez vous trouver un "vrai" maître, bonne chance. Vous feriez mieux de vous chercher un maître compétent, quelqu'un qui a fait plus de route que vous, et qui paraît avoir quelque efficacité en tant que guide.
Tout cela dit en tant que fond, on en arrive à ce qui me paraît les qualifications nécessaires pour un maître zen. (Et veuillez noter maître zen en tant que directeur spirituel. Mon expérience étant qu'il y a des prêtres zen légitimes qui se forment au Japon ou dans des programmes monastiques inspirés du Japon, et qui sont préparés à être des prêtres zen -- c-à-d à conduire des pratiques liturgiques. Il y en a qui sont des directeurs spirituels, mais pas tous...)
Vous cherchez donc un maître zen? Vous voulez quelqu'un qui a de l'expérience, qui a parcouru le sentier depuis longtemps et pourrait vous être un bon guide?
Voilà ce que vous devez chercher:
En imaginant que vous avez déjà commencé à vous asseoir, que vous avez eu des lectures, en ligne et en livres, et que vous avez cherché une communauté de pratique. Ce sont là des choses très basiques. En particulier le fait de s'assoir et les lectures.
Numéro un: Sont-ils de vrais étudiants sérieux du Zen? Depuis combien de temps pratiquent-ils? Où? Et avec qui?
Numéro deux: Qui les a autorisés? Est-ce un lignage sérieux et de pratique soutenue? Y a-t-il des questions sur la lignée ou sur le maître du maître? Ça casse pas des briques, mais c'est important à savoir.
Numéro trois: Qu'en est-il de la communauté au sein de laquelle ils pratiquent? On peut en apprendre long, et ils se peut que cela sera tout ce dont vous aurez besoin pour savoir si c'est la bonne personne pour vous. La bonne personne ou pas. Tout ce truc est une mystérieuse combinaison de qualifications et de chimie.
Numéro quatre: Faites l'essai. Asseyez vous avec cette personne. Assistez à des retraites qu'ils mènent. Prenez votre temps. Voyez où vous conduit votre coeur.
Numéro cinq: Alors, et seulement alors, inclinez vous. Offrez un boîte d'encens à cette personne. Prenez la comme directeur spirituel. Pas comme le propriétaire de votre vie, mais comme quelqu'un qui a parcouru une voie spirituelle et peut vous aider à parcourir la vôtre.
Ils doivent continuer à parcourir ce chemin, d'ailleurs. S'ils ont cessé d'apprendre, soyez soupçonneux. S'ils vous demandent de faire quelque chose d'illégal ou d'immoral, eh bien, vous êtes grands; faites la réponse appropriée. Il est fini le temps de ce maître-ci ou pas de maître du tout. Appropriez-vous cette partie de la pratique.
Faites ça, et bon, okay, aucune garantie que ça marche, mais au moins vous serez en chemin. Le Grand Chemin.
Meilleurs voeux.