Zanmai-O-Zanmai: The Samadhi That is Sovereign of Samadhis
by Eihei Dogen zenji
translated by Yasuda Joshu Dainen roshi
and Anzan Hoshin roshi
Traduit de l'anglais par le moine Kaïkan Taïshin
S'asseoir en zazen c'est transcender tout l'univers et vivre une vie qui soit grande et unique dans le royaume des Bouddhas et ancêtres éveillés. S'asseoir dans cette posture passe au-dessus de tous les points de vue, de tous les démons, et permet d'entrer pleinement dans le lieu le plus intime des Boudhas et Patriarches. C'est la seule méthode pour atteindre l'éveil suprême des Bouddhas et Patriartches, car c'est la seule pratique à laquelle ils se sont adonnés, il n'y en a pas d'autre.
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Le royaume de zazen est très différent des autres. C'est en comprenant ce fait que les Bouddhas et Patriarches ont résolus l' éveil et le nirvana à travers leur aspiration à la vrai pratique. Au moment de s'asseoir il faut regarder la stabilité et au même instant regarder ce que "s'asseoir" en soi est profondément. Est-ce faire un saut périlleux ? Est-ce un état de vigoureuse activité ? Est-ce penser, ne pas penser ? Est-ce agir, non-agir ? Est-ce qu'il y a une assise dans l'assise ? L'assise est-elle dans le corps-esprit ou libre d'être "assise dans l'assise" et "assise dans le corps-esprit" ? Et ainsi de suite. Vous devez examiner des milliers de points comme ceux-ci. Assis en zazen avec le corps. Assis en zazen avec l'esprit. Libre du corps et de l'esprit être assis en zazen.
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Mon ancien Maître le Vieux Bouddha disait : "Pratiquer zazen c'est se débarrasser du corps-esprit. Seulement être assis est la réalisation primordiale (shikantasa). Brûler de l’encens, se prosterner, invoquer le nom du Bouddha, pratiquer la repentance, lire ou chanter les soutras n’est pas vraiment indispensable. Depuis ces quatre ou cinq cents dernières années, seul mon défunt Maître a enseigné que Shikantaza permettait la saisie de l’esprit des bouddhas et des patriarches puis de faire un avec leurs expériences. Ils sont peu nombreux en Chine à pouvoir l’égaler. Ceux qui ont compris que zazen est le Dharma et que le Dharma c'est zazen ne sont pas nombreux. Même si certains on physiquement réalisé zazen en tant que Dharma de Bouddha, peu ont réalisé zazen en tant que zazen. Alors comment soutenir et supporter le Bouddha-Dharma ? Car s'il en est ainsi, il y a être assis avec l'esprit qui n'est pas semblable à être assis avec le corps. Il y a zazen avec le corps qui n'est pas semblable à zazen avec l'esprit. Et il y a être assis sans corps ni esprit qui n'est pas semblable à "zazen débarrassé du corps-esprit". Être ainsi réuni pratique et réalisation des Bouddhas et Patriarches. Continuellement et vivement examinez cette pensée, cet esprit, cette volonté, cette conscience.
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Shākyamuni Bouddha dit à une assemblée de moines : — Quand vous faites zazen, vous réalisez le Samādhi , dans votre mental et dans votre corps. Vous devenez dignes au point d’être respectés par autrui. Comme le soleil réchauffe le monde, zazen secouera notre mental engourdi, oisif et illusionné, il fera en sorte que notre corps redevienne agile et infatiguable ou encore nous procurera un sentiment de joie. S’asseoir paisiblement comme un dragon qui se love. Seulement l'image de la posture du lotus fait peur au roi des démons de l'illusion. Il en ressentirait de l’effroi et plus encore s’il lui arrivait de voir un homme éveillé dans la rectitude de son assise.
Si une représentation de la posture peut effrayer Māra, nous pouvons imaginer la puissance que renferment la posture en elle-même et les mérites de la pratique. Zazen chaque jour est joie sans limite et constante vertu.
Shākyamuni dit à une vaste assemblée de moines : « Voilà pourquoi nous faisons zazen et recommandons à tous d’en faire autant. Les non-bouddhistes recherchent la Voie en utilisant une multitude de postures, ils se perdent dans un océan d’erreurs et leur esprit ne connaît jamais la pacification. C’est pour cette raison qu’un Bouddha enseigne à ses disciples la posture de zazen. Si nous nous asseyons dans la rectitude, notre esprit connaîtra la rectitude.
Quand le corps est assis droit, l'esprit n'est pas las, l'esprit est alerte, l'intention est alignée et l'attention est focalisée avec ce qui est juste présent. Si l'esprit est agité ou distrait ou si le corps hésite ou penche ils sont rétablis et équilibrés. Si vous voulez éprouver samãdhi ou entrer en samãdhi, ou même si l'esprit est juste distrait et court après des images diverses, tous ces états peuvent être complètement équilibrés. En pratiquant de cette façon, nous éprouvons et pénétrons le samãdhi qui est le souverain de tous les samãdhis.
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Maintenant, nous sommes en mesure de comprendre pourquoi zazen est le roi de tous les Samādhis C’est la réalisation. Tous les autres Samādhis lui sont subordonnés. La rectitude de notre corps et de notre esprit, les Bouddhas et les Patriarches authentiques, l’éveil ou l’essence véritable et la vie de tous les Bouddhas sont contenus dans zazen. C’est dans un corps vivant — notre peau, nos os et notre moëlle — que l’on fait zazen et que nous réalisons zanmai ô zanmai. Shākyamuni en a toujours fait usage, il l’a transmise à ses disciples et l’a enseignée aux hommes.
Depuis le septième Bouddha du passé, l’essence de la Voie bouddhique est zazen. Sous l’arbre de la bodhi, Shākyamuni fit zazen sans se préoccuper du temps — cinquante ou soixante kalpas, vingt et un jours ou seulement un instant — ainsi il fit tourner inlassablement la roue du Dharma . L’enseignement de Shākyamuni est complet et il ne manque rien. Zazen en lui-même contient tous les sūtras. Rien ne manque, c’est juste un sutra jaune enroulé autour d'un bâton rouge . A ce moment Bouddha rencontre Bouddha . C’est aussi le moment où tous les êtres sensibles deviennent des Bouddhas.
Le Premier Patriarche, Bodhidharma le Vénérable, est arrivé de l'ouest et a passé neuf ans faisant face au mur à Shaolin-si sur Susan en assise Zen dans la position de lotus. Depuis ce jour, intelligence et œil [l'essence et la vue du Dharma] se sont répandus en Chine. Zazen était la raison de vivre du premier Patriarche. Avant sa venue en Chine personne ne connaissait zazen. Durant toute notre vie, jour et nuit sans relâche, nous devrions nous consacrer à la pratique de zazen sans quitter le monastère. C’est cela Zanmai ō Zanmai.
by Eihei Dogen zenji
translated by Yasuda Joshu Dainen roshi
and Anzan Hoshin roshi
Traduit de l'anglais par le moine Kaïkan Taïshin
S'asseoir en zazen c'est transcender tout l'univers et vivre une vie qui soit grande et unique dans le royaume des Bouddhas et ancêtres éveillés. S'asseoir dans cette posture passe au-dessus de tous les points de vue, de tous les démons, et permet d'entrer pleinement dans le lieu le plus intime des Boudhas et Patriarches. C'est la seule méthode pour atteindre l'éveil suprême des Bouddhas et Patriartches, car c'est la seule pratique à laquelle ils se sont adonnés, il n'y en a pas d'autre.
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Le royaume de zazen est très différent des autres. C'est en comprenant ce fait que les Bouddhas et Patriarches ont résolus l' éveil et le nirvana à travers leur aspiration à la vrai pratique. Au moment de s'asseoir il faut regarder la stabilité et au même instant regarder ce que "s'asseoir" en soi est profondément. Est-ce faire un saut périlleux ? Est-ce un état de vigoureuse activité ? Est-ce penser, ne pas penser ? Est-ce agir, non-agir ? Est-ce qu'il y a une assise dans l'assise ? L'assise est-elle dans le corps-esprit ou libre d'être "assise dans l'assise" et "assise dans le corps-esprit" ? Et ainsi de suite. Vous devez examiner des milliers de points comme ceux-ci. Assis en zazen avec le corps. Assis en zazen avec l'esprit. Libre du corps et de l'esprit être assis en zazen.
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Mon ancien Maître le Vieux Bouddha disait : "Pratiquer zazen c'est se débarrasser du corps-esprit. Seulement être assis est la réalisation primordiale (shikantasa). Brûler de l’encens, se prosterner, invoquer le nom du Bouddha, pratiquer la repentance, lire ou chanter les soutras n’est pas vraiment indispensable. Depuis ces quatre ou cinq cents dernières années, seul mon défunt Maître a enseigné que Shikantaza permettait la saisie de l’esprit des bouddhas et des patriarches puis de faire un avec leurs expériences. Ils sont peu nombreux en Chine à pouvoir l’égaler. Ceux qui ont compris que zazen est le Dharma et que le Dharma c'est zazen ne sont pas nombreux. Même si certains on physiquement réalisé zazen en tant que Dharma de Bouddha, peu ont réalisé zazen en tant que zazen. Alors comment soutenir et supporter le Bouddha-Dharma ? Car s'il en est ainsi, il y a être assis avec l'esprit qui n'est pas semblable à être assis avec le corps. Il y a zazen avec le corps qui n'est pas semblable à zazen avec l'esprit. Et il y a être assis sans corps ni esprit qui n'est pas semblable à "zazen débarrassé du corps-esprit". Être ainsi réuni pratique et réalisation des Bouddhas et Patriarches. Continuellement et vivement examinez cette pensée, cet esprit, cette volonté, cette conscience.
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Shākyamuni Bouddha dit à une assemblée de moines : — Quand vous faites zazen, vous réalisez le Samādhi , dans votre mental et dans votre corps. Vous devenez dignes au point d’être respectés par autrui. Comme le soleil réchauffe le monde, zazen secouera notre mental engourdi, oisif et illusionné, il fera en sorte que notre corps redevienne agile et infatiguable ou encore nous procurera un sentiment de joie. S’asseoir paisiblement comme un dragon qui se love. Seulement l'image de la posture du lotus fait peur au roi des démons de l'illusion. Il en ressentirait de l’effroi et plus encore s’il lui arrivait de voir un homme éveillé dans la rectitude de son assise.
Si une représentation de la posture peut effrayer Māra, nous pouvons imaginer la puissance que renferment la posture en elle-même et les mérites de la pratique. Zazen chaque jour est joie sans limite et constante vertu.
Shākyamuni dit à une vaste assemblée de moines : « Voilà pourquoi nous faisons zazen et recommandons à tous d’en faire autant. Les non-bouddhistes recherchent la Voie en utilisant une multitude de postures, ils se perdent dans un océan d’erreurs et leur esprit ne connaît jamais la pacification. C’est pour cette raison qu’un Bouddha enseigne à ses disciples la posture de zazen. Si nous nous asseyons dans la rectitude, notre esprit connaîtra la rectitude.
Quand le corps est assis droit, l'esprit n'est pas las, l'esprit est alerte, l'intention est alignée et l'attention est focalisée avec ce qui est juste présent. Si l'esprit est agité ou distrait ou si le corps hésite ou penche ils sont rétablis et équilibrés. Si vous voulez éprouver samãdhi ou entrer en samãdhi, ou même si l'esprit est juste distrait et court après des images diverses, tous ces états peuvent être complètement équilibrés. En pratiquant de cette façon, nous éprouvons et pénétrons le samãdhi qui est le souverain de tous les samãdhis.
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Maintenant, nous sommes en mesure de comprendre pourquoi zazen est le roi de tous les Samādhis C’est la réalisation. Tous les autres Samādhis lui sont subordonnés. La rectitude de notre corps et de notre esprit, les Bouddhas et les Patriarches authentiques, l’éveil ou l’essence véritable et la vie de tous les Bouddhas sont contenus dans zazen. C’est dans un corps vivant — notre peau, nos os et notre moëlle — que l’on fait zazen et que nous réalisons zanmai ô zanmai. Shākyamuni en a toujours fait usage, il l’a transmise à ses disciples et l’a enseignée aux hommes.
Depuis le septième Bouddha du passé, l’essence de la Voie bouddhique est zazen. Sous l’arbre de la bodhi, Shākyamuni fit zazen sans se préoccuper du temps — cinquante ou soixante kalpas, vingt et un jours ou seulement un instant — ainsi il fit tourner inlassablement la roue du Dharma . L’enseignement de Shākyamuni est complet et il ne manque rien. Zazen en lui-même contient tous les sūtras. Rien ne manque, c’est juste un sutra jaune enroulé autour d'un bâton rouge . A ce moment Bouddha rencontre Bouddha . C’est aussi le moment où tous les êtres sensibles deviennent des Bouddhas.
Le Premier Patriarche, Bodhidharma le Vénérable, est arrivé de l'ouest et a passé neuf ans faisant face au mur à Shaolin-si sur Susan en assise Zen dans la position de lotus. Depuis ce jour, intelligence et œil [l'essence et la vue du Dharma] se sont répandus en Chine. Zazen était la raison de vivre du premier Patriarche. Avant sa venue en Chine personne ne connaissait zazen. Durant toute notre vie, jour et nuit sans relâche, nous devrions nous consacrer à la pratique de zazen sans quitter le monastère. C’est cela Zanmai ō Zanmai.