Oui, c'est exactement cela. Les réactions que j'ai reçues en mp de certaines personnes, lire ce qu'en disait Kaikan de son côté, et celles aussi en public sur la file, m'ont montré que quelque chose avait bougé.
Je sais ce que tu veux dire, Shikantaza. Bien sûr, celui qui dit "je sais", le fait à partir d'une pensée. Mais pas seulement je crois.
Après, il y a un aspect énergétique à cela. Ce que je sais, je n'arrive pas à l'agir.
Je n'ai plus envie d'écouter un nouvel enseignement, un nouvel enseignant, car il dit ce que je sais déjà. Ce que j'ai à faire, c'est de le mettre en oeuvre, ce que je sens.
Simplement, pour moi, il n'est plus possible de retourner dans le milieu où je pratiquais, alors que ça me rendait heureux, pour la simple raison que si j'y vais l'alimente en même temps une machine et l'ego de ceux qui la tiennent. Peu importe que cela soit pris pour de l'ego, on ne me la fera plus celle là.
Je comprends ce à quoi tu veux m'amener, Shikantaza, d'autres l'ont fait avec moi. J'en sors simplement avec la sensation que de bonnes et pieuses intentions veulent museler l'expression d'une souffrance concrète, sous prétexte de l'ultime. Mais on n'efface pas le relatif. Quand quelqu'un d'un dojo breton me dit que la personne qui en est responsable en arrive à enjoindre les autres pratiquants de ne plus prendre contact avec elle, quand quelqu'un me raconte qu'il quitte son dojo car ce ne sont que des histoires de conflits pour savoir qui sera le référent, et qu'on ne le joint que pour donner sa voix à un camp où l'autre, quand j'apprends alors qu'on fait appel à celui qui fût notre maître, alors qu'il demande qu'on se justifie sur un texte de mensonges posté par devers nous, qu'un de ses principaux représentants a encore commis un scandale à cause de ses pulsions sexuelles, et que dans l'année il est promu responsable du dojo en question, on peut voir le fait que la souffrance existe parce qu'il y a aliénation dans l'identification à ce qu'on croit que la réalité est et qu'on voudrait qu'elle soit autre. Mais, cependant, les faits sont là, bien concrets dans l'ultime! On sort du temple en cherchant la vérité, et le pied tape le caillou "putain, ça fait mal!"
Je vais aller plus loin, de manière provocatrice, mais je pense que ce n'est pas si faux que ça : quand un enfant se fait violer, une femme, quelqu'un agresser physiquement avec de graves séquelles, je ne suis pas sûr que tenir ce discours va les réconforter ni les guérir de la peur que ça recommence, si à côté de cela il n'y a pas une instance qui pose, énonce, et applique quelque chose qui limite ces actions néfastes, ce qu'on appelle la loi.
Ce que je vois, c'est que là, j'ai nommé qui est lié à ces actions, quelqu'un qui est censé superviser toutes les traditions bouddhistes, et qui a un rôle important au niveau de comment elles émettent leur message. Et j'ose penser que si on m'a remercié d'avoir raconté mon histoire, que j'avais déjà racontée, mais sans oser aller jusq'à dire son nom jusqu'alors, car j'avais peur, peur de créer des problèmes au forum, à moi, je pense que c'est parce que ça pose une limite : la différence entre un mythe (des assos, institutions, et représentants censés être des gens biens), et la réalité (c'est à dire qu'ils peuvent ne pas être parfait, ce qui n'est pas grave en soi, mais en plus participent de dérives éthiques graves qu'ils laissent se produire à défaut de les provoquer-ce qui pour moi revient au fond au même si les responsables ne sont pas capables de les limites).
Et peut-être énoncer cette réalité, peut éclairer les sentiments confus et ambivalents qu'on plein de pratiquants un peu solitaires ou réservés face à ces instances, autorités, représentants, qui sentent que quelque chose ne leur convient pas, mais ne savent pas nommer pourquoi.
Mon but n'est pas de raconter mon histoire pour moi : c'est surtout que je suis peut-être un cas extrème, mais loin, trop loin, d'être isolé, je pense qu'il y en a de plus en plus.
Et j'ai peur, de parler de tout ça, j'en ai vu sur un forum justifier notre exclusion quand le parlais de notre histoire alors qu'ils n'en savent rien! Mais ils trouvent cela normal à supposer. Dans une démocratie on n'accepte pas de tels agissements sans justification, penser comme cela est grave, ce n'est pas du bouddhisme! Même dans ce milieu on cautionne cette violence, alors de quel monde veut-on??
J'ai entre les mains de quoi créer un nouveau butsudo darkzen scandale, j'en suis persuadé, mais je n'ai pas envie de cela. Par contre, oui, libérer ma parole des aliénations que je me crée, oui.
Dire qu'un Olivier WG, ou un Roland, laissent faire cela, et que ce n'est pas correct de la part de responsables. Mais on ne peut pas le leur dire, ou sinon on a des problèmes : tu trouves cela normal?? Là où plein de gens croient en eux?? Ils doivent être à la hauteur de ce qu'il supposent être, ou alors ne pas laisser croire d'illusions. Mais ça les arrange trop bien : ils y gagnent de l'argent (le plus gros tabou au sein de l'AZI, que bien peu interrogent vraiment), du pouvoir politique, être admirés. Pourtant Dogen le premier dénonçait cela, et ils prétendent se réclamer de lui??
La parole est verrouillée, on ne veut pas écouter la souffrance des autres, pourtant elle existe car des responsables ont envie qu'on les porte. Alors oui, je pense qu'il faut le dire, car trop de gens y croient, j'en ai vus, se ramasser, pire que moi, car ils y mettaient toute leur âme, car ils y croyaient avec ferveur, naive, mais ferveur quand même...on n'a pas le droit de bafouer cela, c'est une insulte à la pratique et à l'esprit éveillé.
En ce qui me concerne, je ne peux accepter qu'on fasse d'une voie spirituelle le lieu de son envie de dominer les autres, comme je ne peux accepter que des pratiquants acceptent de devenir des moutons plutôt que d'assumer ce qu'ils sont, et déléguer leur responsabilité à un gourou qui pense pour eux. Je ne peux accepter que des maîtres se trompent et laissent se tromper les autres, je ne peux penser qu'on laisse croire que le bouddhisme c'est exclure des gens, et ne pas être capable d'écouter le pire de la merde humaine, car le dharma c'est bien pour aider ceux qui souffrent et pas autre chose, à la fin.
Je n'ai pas choisi de me faire croire que je ne souffrais pas de ça, ni de me faire croire que je n'étais pas attaché à l'image que les autres, mon maître, avaient de moi. Si c'est ça que tu appelles gémir ou la porte fermée, je retourne la question et je te propose de te demander si en fait tu acceptes vraiment ce que je suis tel quel??
La question que je pose est jusqu'à quel point la discours sur l'ultime, l'identification, la souffrance, comme tu me les montres, ne pourrait-il pas servir à ne pas regarder tout cela en face et le règler???
Car je le pratique tous les jours : comment tu expliques ce truc à quelqu'un qui te dit qu'on lui trouve un cancer??? Moi, là, en général, je ne peux rien dire, et je reste là, sans objectif autre que de rester là, tel que je suis. Et à partir de là on trouve le chemin.
Certains ont cru parce que j'ai les épaules larges qu'ils pouvaient me déposer leur merde dessus, ce que je veux dire, c'est que quelles que soient mes forces ou pas, ou de qui que ce soit, cela n'est pas une raison pour agir ainsi, et qu'on ne peut justifier aucune forme de violence, et de négation de l'autre, sous prétexte qu'il peut encaisser. Ni de prendre la pratique de quelqu'un pour de la merde, car c'est un peu ce dont ils s'agissait à notre propos. Qu'ils soient maîtres ou pas ne fait aucune forme de différence.
Et en ce qui me concerne, je sais que ce qu'il me manque c'est très concret: c' est un lieu de pratique, avec quelqu'un en qui je puisse faire vraiment confiance, car tout ça me manque, ainsi qu'à ma compagne, car on ne se satisfait pas de pratiquer seuls...en plus on ne pratique pas complètement seuls, et si on accompagne des gens, on ne peut pas le faire éternellement de façon autistique, à circuit fermé. Mais je prends soin de ma peur, j'ai pris des coups, et je me méfie de moi-même. C'est tout, et si je peux comprendre des trucs profonds de l'esprit, parfois, aussi je suis simplement humain comme ça, et je ne le justifierai pas.
et je pense que je suis loin d'être le seul à ressentir les choses comme ça. Je pense qu'on les trouve d'ailleurs surtout dans cet espace alternatif et transitionnel du net, sur les forums. Je les invite d'ailleurs à se regrouper, à échanger leurs coordonnées, à se rencontrer. Qui veut m'envoyer un message, je répondrai quand je peux.
mais ça aussi ça bouge, et la traversée du désert, ça a du bon pour faire le ménage de ce qui est essentiel et ce qui ne l'est pas.