Yudo, maître zen Non, il faut nuancer ici. "Penser" signifie le discours verbal dans la pensée, la pensée discursive. Sinon, penser est la fonction du cerveau, il ne peut pas s'en empêcher. Ce qu'il faut voir, c'est de quel niveau de pensée on parle. Etre attentif à sa posture n'est pas la même chose que "penser" à sa posture. Il s'agit ici de ne faire qu'une seule chose à la fois. Notre cerveau, les études de neurologie le démontrent, ne sait faire qu'une chose à la fois. Si l'on en fait plusieurs, il met l'autre (ou les autres) en pilote automatique. cela peut marcher, tant qu'il n'y a pas d'imprévu. Un des aspects de zazen, de "seulement s'asseoir", c'est justement de ne faire que cela: rester assis. A cet effet, toute l'attention doit être portée à la posture. Certains, erronément selon nous, préconisent de porter toute l'attention à la respiration, et même, dans certains cas, de compter les expirations. D'une part, ce n'est pas ce que dit le Bouddha dans l'Anapanasati sutta: il ne parle que de l'observation passive et non de l'attention active. Mais si on porte son attention à la posture, la respiration en faisant partie, elle est de ce fait incluse dans l'attention, alors que, dans le cas contraire, si l'attention est portée exclusivement à la respiration, la posture n'est pas incluse.
Oui, en lisant le texte auquel faisait référence
shikantaza, j’avais à l’idée qu’il s’agissait d’une bataille d’école, l’auteur voulant mettre l’attention sur la posture plutôt que sur la respiration et c’est pour cela que je disais qu’il s’agissait d’un mauvais débat. Il y a comme ça des discours et des formulations qui sont vraiment problématiques. Et pour développer, lorsqu’on insiste lourdement sur une posture très précise, lorsque l’on parle de rentrer « chez soi », de « regard intérieur », de « revenir au corps » on a vraiment l’impression qu’il faut se recentrer sur soi, et faire l’expérience de son intériorité. Et le monde extérieur dans tout ça ?
Il veut dire qu'au début, la posture n'étant pas encore bonne en permanence (on s'affaisse ou on se cambre trop), il faut mettre beaucoup d'énergie à corriger la posture, ce qui veut évidemment dire que ce n'est pas encore shikantaza.
Je vous questionne à ce sujet, plus bas.
Affirmation un peu gratuite.
Je suis prêt à en discuter si nécessaire.
Et nous y voilà encore! Encore un plaidoyer contre la posture! Il devrait être possible de pratiquer sans s'astreindre à la posture! On devrait ne pas avoir à faire d'effort!
Désolé, mais la thèse de Nishijima est simple: il n'est pas de séparation entre corps et esprit, en conséquence de quoi l'attitude physique doit être au diapason de l'attitude mentale. Quant au besoin de rectitude de la colonne vertébrale, non seulement le Bouddha insiste beaucoup et souvent dessus, mais il me semble qu'il n'est guère besoin d'avoir fait de longues études en physiologie pour pouvoir constater qu'une colonne déformée n'est pas exactement la meilleure des choses du monde.
On pourrait penser qu’une personne handicapée qui ne peut se tenir droite ne serait pas apte.
Je suis conscient des vertus pédagogiques de l'apprentissage de la posture. Mais tous les outils ont leur limite, et j’imagine qu’il y a des postures ou des activités qui vont être facilitantes pour les uns et moins pour d’autres. Mais à un moment, il faut aussi sortir de la facilité. A mon avis, il y a des gens qui sont très éveillés lorsqu’ils font leur marche zen, et d'autres lorsqu’ils font leur Taï Chi et d'autres encore assis sur leur coussin mais ils se « rendorment » le reste de la journée. Ça tend à démontrer que le transfert de la pratique dans le quotidien est vraiment loin d’être optimal.
Mais, là encore, vous semblez considérer qu’il aurait une attitude physique précise en adéquation avec le mental. De mon côté, j’évoquerais plutôt un « ancrage corporel ». Ici, j’ai l’intuition qu’il ne s’agit pas d’une simple querelle de mots. C’est pourquoi je pense qu’il serait intéressant que vous développiez un peu.