par Leela Lun 24 Oct 2011 - 18:21
Je pense avoir trouvé une superbe réponse sur le site de l'ami Thierry. Son blog est à découvrir, ainsi que ses écrits.
Je le remercierai par e-mail et me permets de recopier le passage qui concerne ici, voilà une belle différence entre "lâcher prise" et "laisser aller" !!!
La Savoie n'est pas réputée pour ses mornes plaines et une virée en vélo, par ici, est toujours redoutable, dès lors qu'on s'attelle à maintenir un rythme élevé. Bosses, descentes, faux plats montants, murs, longues montées en lacets et quelques plats en fond de vallée.
On entre vite dans la concentration si on veut tenir...Appuie, monte la jambe, souffle, souffle, serre le ventre, pousse avec les abdos, ne bouge pas les épaules, arrondis le dos, ne t'occupe pas de la brûlure, oublie-la, oublie tout, laisse les gestes trouver leur auto-suffisance.
C'est là qu'il est possible de franchir un seuil. Lorsque tout se fait mécaniquement, lorsque le corps a trouvé cette symphonie intérieure, un accord parfait entre les muscles, le souffle, la circulation du sang, l'exploitation totale de l'énergie cachée.
Il arrive toujours un moment où il n'y a plus rien de pensé, plus aucune intention, plus rien de réfléchi. Tout se fait. C'est d'ailleurs à partir de là que la vitesse augmente encore. Parce qu'il n'y a aucune inquiétude, aucune idée d'économie, aucun réticence à aller puiser au plus profond. Il ne s'agit pas d'ivresse parce que sinon, la maîtrise du geste volerait en éclat. Je l'appelle l'euphorie. Un sentiment extraordinaire de puissance. Combien de fois il m'est arrivé de sourire et même de rire dans ce bien-être.
Aujourd'hui, j'essaie d'appliquer cette méthode à d'autres domaines. Tout lâcher. Ne rien retenir, plonger au plus profond et découvrir l'immensité de ce pouvoir. Etre là et soustraire toute forme de pensées réductrices, craintives, toute idée d'économie.
On pourrait penser que c'est épuisant mais c'est secondaire à mes yeux. Ce qui m'importe, c'est de ne rien manquer de ce que je suis.
Alors bien sûr, en fin de virée, tout à l'heure, j'ai pris des crampes. Mais je n'avais rien mangé depuis le matin. Hypoglicémie. La leçon est évidente. Il ne faut rien négliger...
Il est en tout cas déconcertant de constater, quand on observe ce jaillissement de l'énergie, qu'il est dépendant du retrait complet du mental, comme si celui-ci, dans ses arabesques chaotiques, instaurait un fardeau, une sorte d'enceinte et que le corps ne pouvait pas se révéler à lui-même tant que le mental l'entravait.
Il n'est jamais aussi beau de faire l'amour que dans cette complète absence de pensées. Et c'est là que l'osmose des partenaires est la plus flamboyante. Parce qu'ils sont eux-mêmes en osmose avec ce corps et l'énergie qu'il contient.
On ne s'endort jamais aussi bien que dans cette absence de pensées.
On ne travaille jamais aussi bien que dans cette absence de parasites, lorsqu'il ne reste qu'une unique pensée, associée à ce travail à mener.
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