Kaïkan a écrit: tangolinos a écrit:@lausmcomme l'évoque Yudo, tu devrais remercier l' AZI de t'avoir viré...
Ce n'est pas sur la forme qu'il faut s' appesantir, mais sur le fond...
et dans le fond serais-tu heureux d' en être encore un membre ?
La forme n'a fait que révéler que le fond ne te correspondait pas.
En compensation, tu pourrais par exemple te dire qu'un papillon ne s'attarde pas sur un cactus.
Oui bien sûr il y a de la justesse dans cette réflexion vue de l'extérieur.
Je suis sûr que depuis longtemps lausm y a pensé. Mais il y a aussi toute la souffrance de s'être investi corps et âme dans quelque chose en quoi on avait foi et auquel on a donné sans compter. Je vois aussi cet aspect et le déchirement de ce qui est le plus intime en soi-même.
Dans cette épreuve est demandé bien plus que ce qu'on demande pour un shiho. C'est la sainteté qui est demandée, la bouddhéité à actualiser sur le champ, bref, une brutalité digne des moments les plus hard des écoles japonaises.
On en sort grandi bien sûr mais aussi brisé, meurtri, écrasé, avec des cicatrices longtemps douloureuses.
Il faut alors se reconstruire, refaire sa vie...
C'est vrai qu'il est possible ainsi d'avoir accès à l'éveil au-delà de toutes les oppositions et faire comme disait Bodhidharma : contre mauvaise fortune bon cœur. Mais ceux qui vous ont poussé dans le ravin se fichent du tiers comme du quart de ce que vous pouvez bien devenir car vous êtes pour eux définitivement rejetés comme un déchet dont on dira si votre nom est évoqué : "Ah! Celui-là..."
Oui, c'est cela, je vois que tu as de l'expérience, et que si l'on a pu avoir des moments conflictuels, on se comprend sur ce vécu!
Et je plussoie, je ne remercie personne de m'avoir mis dehors, nous avoir mis dehors car ma compagne était avec moi.
Effectivement, nous commencions à nous sentir à l'étroit dans tout ça depuis un moment, mais ça ne justifie pas les manipulations malhonnètes, les manoeuvres intestines par derrière, et puis recevoir une lettre recommandée en AR qui contient ces deux termes "exclusion définitive au nom des instances dirigeantes de l'AZI, RR et OWG", alors qu'on n'a jamais pu s'exprimer et que personne n'a écouté notre version des faits, _ça fait juste très mal. Mal de voir que l'application de ce qu'on croyait être des valeurs communes n'existe pas, et de voir le respect d'autrui, des règles de bienséance de base, foulées au pied, ceci dans une communauté dont les statuts prônent l'ouverture et le dialogue entre les hommes.
La souffrance n'éduque à rien qu'à avoir mal, et je ne m'estime pas guéri. Après, je sais que cette situation a répondu structurellement à des choses plus anciennes, peut-être payé-je aussi des dettes karmiques d'abus spirituels anciens, mais la violence de l'exclusion n'éduque personne, si ce n'est à réaliser que la violence est partout, et qu'on doit en tenir compte.
Il y a d'autres moyens de faire grandir, et je le vois avec mon fils : je ne veux pas lui apprendre cela.
Kaikan résume bien le truc : quand tu es dehors tu n'es plus rien, c'est un système féodal clanique, où la liberté en fait est conditionnelle. Conditionnée au fait de répondre à des critères : suivre la loi non dite, mais la suivre, venir, donner, toujours dans le même sens, si tu veux avoir la chance de recevoir. C'est une transaction non dit, mais une transaction, avec plein d'attentes et d'esprit de profit, des deux côtés. Que cela soit, passe encore, le pire est cependant l'inconscience et la volonté de rester inconscient de ces motivations psychologiques qui sont là, l'envie d'être quelqu'un, de pouvoir, de reconnaissance, d'avoir un territoire, etc....comment peut-on prétendre un éveil à quoi que ce soit si on ne sait même pas par quelles forces le navire est piloté?
Comme je dis toujours, l'AZI n'est pas un truc abstrait, c'est tous ceux qui la composent. Critiquer l'AZI est une façon de ne pas penser le problème, et pour le résoudre il faut le penser. Parce qu'il y a plein de gens bien dans l'AZI...mais ce ne sont pas eux les chefs!
Le truc c'est que Deshimaru était seul, dans un posture patriarcale exclusive, et que tout le monde tient à reproduire ce modèle, qui est pour moi caduc.
D'autant plus que si Deshimaru a pu être spécial, parfois pas règlo, inorthodoxe, ignare, fanfaron et grande gueule, et plein de défauts, par contre j'ai le sentiment qu'il assumait un chemin d'individuation, qu'il assumait l'aventure et l'expérience de la vie. Et qu'avec lui les gens riaient, et qu'il exprimait de la bonté. Ce dernier point a souvent été récurrent dans tous les témoignages que j'ai eu de lui, et cela contraste grandement avec l'aspect zen strong à la con des français qui singent les japonais.
Et le peu de japonais que j'ai vu, Tokuda y compris, sont très corrects, courtois, sans prétention.
Alors un jour j'ai pris le papier pour écrire à Roland ce que j'avais pensé de sa (non-)gestion de notre affaire....Et j'avais peur, car je sentais que j'allais tirer les moustaches du tigre, et je savais que le remettre en cause allait l'énerver. J'ai été servi en conséquence. J'ai eu droit à une réponse lapidaire (car je ne suis qu'un dossier parmi tant d'autres!), éludant tous mes arguments concrets, et me renvoyant la culpabilité. Bref, fallait que je prouve mon innocence dans un truc où nous avions été décrétés coupables sans procés, et il fallait que je me justifie a postériori. J'ai refusé en expliquant pourquoi je trouvais cela inéquitable : j'en ai juste repris une couche, j'ai répondu (car je deviens tètu quand on nie l'évidence), et j'ai eu une dernière réponse encore lapidaire et d'une totale mauvaise foi (et éludant encore tous les arguments concrets que j'avais soumis)....j'ai donc compris, que ce qui comptait, était l'autoprotection de l'image du maître, autrement dit une motion égotique ne fonctionnant que sur ce mode-là exclusivement, et pétrie par la peur de perdre sa superbe.
Autrement dit être maître dans un système comme celui-ci ou aucune auto-régulation n'est fait (comme dans des milieux de thérapeutes, par exemple), est hautement toxique et dangereux, car ça se fait de façon insidieuse, et celui qui est pris là-dedans n'écoute plus personne, tellement il pense que seul lui est investi du vrai regard qui connaît la vraie vérité.
Et c'est pour cela que j'ai la conviction que ce système est à revoir totalement, au moins revoir ce qu'on projette dans les notions de maître, disciple, et la relation qui va entre les deux.
A vrai dire, les voies chamanique me parlent de plus en plus, car il s'agit de reconnaître un enseignement dans tout ce qui est, dans la nature, et de bien moins dépendre d'un humain pour ce fait. Cet aspect en fait existe dans le zen, mais il n'est pas valorisé par ceux qui se sont approprié l'identité du zen pour l'enseigner à l'heure actuelle.
Le problème qui existe dans toutes les formes de bouddhisme représentées, à mon sens, c'est un extrème anthropocentrisme, et tout un système féodal hiérarchique qu'on confond souvent avec le bouddhisme, alors que ce n'est pas une condition obligatoire à l'existence du bouddhisme qu'un tel système. S'en libérer me semble bien plus véritablement bouddhiste.
Mais dire cela, c'est prôner la révolution absolue!
Alors qu'elle me semble nécessaire!
et qu'elle se produira par la force des choses, tout comme les volcans entre en éruption, la terre tremble...