par Invité Mar 16 Déc 2008 - 14:59
Je pense, pour ma part, qu'il n'est pas nécessaire d'atteindre l'éveil pour cesser d'être névrosé. Il y a une tendance, dans le milieu de la psychanalyse en tout cas, à considérer la névrose comme une caractéristique psychologique presque "normale" dont les évitemments au quotidien et les séances de divan à 100 € la demi-heure constituent les meilleurs moyens pour éviter la décompensation (c'est à dire la manifestation morbide de la névrose). Zazen est bien plus efficace pour traiter une névrose d'angoisse que des séances chez le psy + antidépresseurs + anxyolitiques. Je ne nie pas les vertus d'une psychothérapie, des benzodiazépines et des inhibiteurs de recapture de la sérotonine pour traiter les angoisses, mais, outre que c'est long (en particulier une psychothérapie), le fond du problème n'aura pas été réglé. Je connais des personnes qui ont cessé de fumer ou qui ont réussi à traiter des troubles d'angoisse en quelques séances de zazen rien qu'en portant l'interrogation sur le "Qui a envie de fumer ?" ou "Qui ressent l'angoisse ?". Il est facile de vérifier que l'on ne trouve évidemment personne qui a envie de fumer (il y a simplement une envie de fumer) ni personne qui ressent de l'angoisse (il y a simplement une sensation d'angoisse). Dès lors qu'il n'y a plus d'appropriation de "ses" problèmes, la guérison est pratiquement assurée. Bien sûr, il convient de ne pas s'arrêter là. Zazen, ce n'est pas un médicament bon uniquement quand on ne va pas bien. En réalisant, justement, qu'il y a une sensation d'angoisse mais personne touché par l'angoisse, on prend conscience de la façon dont l'égo s'est structuré. Lorsqu'il y a une angoisse en raison d'une blessure de l'égo et qu'on cherche "Qui ? est blessé", on ne trouve rien.Outre que l'angoisse disparaît immédiatement pendant la séance de zazen, le travail vers la réalisation de notre vraie nature se met en marche (et donc une cessation de l'angoisse sur le long terme). L'angoisse ou l'évitemment/compensation (cas des fumeurs de cigarettes et/ou de cannabis) sont certes des symptômes de la névrose mais traiter les symptômes en agissant sur la cause (structuration de l'égo) est la meilleure façon pour traiter la névrose et ses symptômes. Il n'est pas besoin d'être une maître zen pour en arriver là. N'importe qui sachant se poser une question simple avec un peu de concentration pour fouiller vraiment (il est vain de se répéter la question "Qui...?" sans "fouiller" avec un bon esprit d'investigation).
J'ai pensé, au début de ma pratique du bouddhisme, qu'il n'était pas possible de faire l'économie d'une psychothérapie lorsque des personnes étaient vraiment atteintes dans leur pyschisme. C'est vrai que j'ai rencontré, dans ma pratique du bouddhisme, des gens vraiment allumés qui avaient du mal à régler leurs problèmes et qui s'inventaient des expériences mystiques proches de l'hystérie. Mais je ne pense plus qu'une psychothérapie soit nécessaire. Je pense qu'il faut poser, d'emblée, la bonne question et chercher la réponse. Rien que le fait de chercher soigne. Evidemment, ce qui vaut pour la névrose ne vaut malheusement pas pour la psychose. Là, c'est nettement plus compliqué.