Je voulais plutôt parler du contexte "philosophique" qui s'est éloigné de la vue Yogachara/Cittamatra du Bouddhisme Tang et de l'école du Lankavatara Sutra de Bodhidharma pour puiser dans d'autre point de vue philosophiques, notamment le Madhyamika, le Hua-yen et la doctrine de la Nature de Bouddha du Mahanirvana Sutra, complexifiant ainsi le vocabulaire et la vue, tout en remplaçant l'introduction directe du maître par l'uniformisation de la pratique en suivant un cursus standardisé.
C'est vraiment très personnel, mais je trouve la tradition du Mahamudra très claire et très précise. La pratique de Shamatha ressemble beaucoup au Shikantaza Soto. La pratique de Vipashyana s'adresse directement à la nature de l'esprit en se posant des questions (très proches des hua-t'ou ou des koans) du type "qu'elle est la couleur de l'esprit?", "quelle est sa forme?" , "où est-il?", "est-il semblable à l'espace?", "comment?", "est-il seulement vide ou est-il aussi lumineux?", etc.. idem pour les pensées, le sujet méditant, etc… A la fin le Lama et son élève ont un échange de questions-réponses où le Lama pointe directement vers la nature de l'esprit de son élève. Enfin, Samatha est unifié à Vipashyana dans Mahamudra qui, avec la pratique s'étend à l'intégralité de la vie du pratiquant selon quatre étapes ou quatre Yogas.
Si on s'essaie à ces pratiques systématiques (par exemple en suivant le traité de Dakpo Tashi Namgyal traduit en anglais (hélas) sous le nom "Clarifying the Natural State"), on se sent rapidement très proche des premiers adeptes du Zen de l'époque des premiers patriarches chinois. Par exemple, les discours de Huangpo deviennent beaucoup plus clairs. Je vous invite à essayer. Bien entendu, il n'est pas nécessaire de suivre les enseignements d'un Lama tibétain, mais après un peu de pratique, le Zen prend une nouvelle dimension. En tout cas c'est mon expérience.