Bonjour,
Oui, on peut dire que la problématique de la dualité est centrale dans le zen, en effet, par sa résolution, qui n'est pas une résolution d'ordre mental, nous serons en mesure de comprendre la nature de toute forme de questionnement.
Quelle est la nature « de toute forme de questionnement », pour vous ?
Par là, nous serons libérés de la charge de devoir aller en aval de chaque questionnement, c'est-à-dire, dans la tentative de résolution spécifique à chaque question particulière qui se pose.
Je suis d’accord pour dire que parfois le problème ne mérite même pas d’être résolu. C’est, par exemple, le couple qui s’engueule dans le bus sous vos yeux. Après tout, ça les regarde et tout le boucan qu’ils font sera bientôt terminé puisque vous sortez à la prochaine station, et c’est bientôt. En revanche si vous vous tapez toute la ligne avec eux...
En effet, ces tentatives impliquent l'illusion de la soumission effective de notre savoir originel, de notre nature de Bouddha, à une forme de compréhension quelconque ou à une forme d'accomplissement quel qu'il soit, alors que comme le dit Houei Neng : "La nature de Boudha est éternellement pure". Parler de cette absence de soumission à la nécessité de poser des questions et de trouver des réponses, ainsi qu'à celle de trouver l'agir rédempteur, cela revient à dire que notre réponse à toute question est toujours identique, que notre agir est toujours le même (nommé non agir par les taoïstes), ils consistent tous deux en un lâcher prise. Ce lâcher prise, c’est ce que zazen nous enseigne ; inconsciemment, naturellement, automatiquement, sans qu’il n’y ait rien à faire d’autre qu’à être assis : Shikantaza.
La foi en zazen est primordiale
Est-ce que vous voulez dire que du lâcher-prise jaillirait toujours la solution adéquate ? Si c’est ce que vous pensez, je ne peux vous suivre. Le lâcher-prise est, à mon humble avis, une condition nécessaire mais certainement pas suffisante. Votre idée que tout va aller de soi, que vous allez être dispensé d'efforts, que la solution va jaillir spontanément est parfois juste. Mais en général, l'adaptation à la vie exige de vous réflexion et effort, vous impose le combat. Alors sur la "foi en zazen ", même si je vois ce que vous voulez dire, je vous reprends : là où est la foi, le réel n'est pas. La foi est une fuite, une fabrique de dupe. C'est au contraire en faisant face à la réalité que l’on trouve des solutions aux problèmes qui se posent : comment pourrait-il en être autrement ?