Kaïkan Bonjour,
On commence par zazen et on avance pas à pas.
Il est évident que d'être assis n'est pas une action facilement comparable à un saut en parapente, un combat de judo ou un cent mètre de brasse papillon.
On apprend avec kin-hin comment se déplacer lentement debout avec la même intensité que zazen. Puis le samu (travail manuel des moines) permet de faire des actions plus rapides. Progressivement on s'adapte et il est absolument certain qu'une façon de regarder claire, élargie et profonde peut très bien avoir une grande utilité suivant l'exercice que l'on doit accomplir.
Cependant il faut toujours revenir à zazen et émanciper son "regard", sa vision, son esprit de toute contrainte provenant de soi-même ou des autres et ceci quelles que soient les circonstances, à tout moment et en tout lieu c'est-à-dire ici et maintenant.
Ok. Cette fois ci, je comprends beaucoup mieux les raisons de votre intervention.
Lausm Peaceful : face à face, c'est du rinzai, comme disait Kaikan.
Oui, vous confirmez ce que m'a dit
Kaïkan. Je ne savais pas.
Le fait d'être face au mur, c'est justement pour n'avoir rien, aucun support, aucun objet de séduction pour ses sens.
Hum, je ne crois pas que cela était considéré comme une « séduction » mais plus comme des éléments à prendre en compte. La personne qui s’occupait du déroulement de la séance vérifiait toujours s’il y avait bien dans le zendo une fenêtre qui donnait sur l’extérieur afin que les bruits du monde environnant nous parviennent et cela même en hiver. Il fallait venir tôt pour occuper les places les plus proches du radiateur !
Le regard devient une charge, car il est lié à la pensée, tu l'as perçu comme en témoigne tes termes beaucoup plus haut ou sur une autre file.
Je te rappelle que tu es sur un forum dédié au zen. Tu peux avoir un discours sur de la psychologie, et même avoir raison sur ce plan-là. Or, ici, c'est un forum zen. Tu prends donc le risque que ce qui concerne la psychologie soit absorbé dans une façon de voir zen.
Je comprends.
Or, qu'est-ce que le zen? C'est observer la réalité telle qu'elle est.
On pourra alors dire que c'est comme la psychologie, quelque part.
Tout à fait, c’est l’étude des comportements humains, des émotions et du fonctionnement de l’esprit. Un psychologue m’a dit un jour que la « névrose » c’est confondre l’impossible avec le possible. Je trouve que c’est une assez bonne définition.
Sauf que la psychologie nomme encore des objets.
Le zen, lui, utilise les mots, tout en sachant (étant censé savoir) qu'ils sont vides de toute substance réelle, qu'ils sont relatifs.
Que saisir un sens, c'est le figer, et donc risque de se faire la guerre au nom de concepts.
Je comprends bien mais l’utilisation des mots, c’est le meilleur moyen de faire passer des messages entre nous. Alors il faut au minimum que nous respections leur définition communément admise pour que nous ayons le plus de chance possible de nous comprendre. Et si vous utilisez un terme ou une expression inconnue pour moi, il me semble logique que je vous en demande le sens.
Oui, on a des histoires différentes, donc une perception différente des termes employés, liés à notre histoire.
Si tu dis que tu as été dans un dojo rinzai, je peux entendre que tu te sentes en décalage par rapport à l'extrème majorité des gens qui viennent ici et avec un vécu souvent zen soto, notamment dans les dojos liés à Deshimaru. C'est un point qui peut sembler dérisoire, mais qui a son importance.
Parfois, tu as quand même la critique dure, ne t'en déplaise.
Cela ne signifie pas qu'elle soit infondée.
Mais la façon dont tu l'amènes, contredit dans ce que j'en vis ce que tu refuses des accusations dont tu dis faire l'objet.
Vous savez, je suis comme tout le monde. Je n’aime pas recevoir de critique. Mais si elle est sérieusement argumentée et qu’elle se justifie, je me sens bien obligé d’en prendre compte. C’est toute la différence entre une critique excessive et une critique constructive. Malheureusement, certaines personnes ici ne semblent pas faire cette différence.
Mais cela ne m'importe peu.
Comme je l'ai dit, chacun vient avec une question. Sa question. Souvent pas celle qui se dit, mais celle qui se cache derrière les mots. Ou les pensées.
Il me semble tout de même avoir précisé et reprécisé la raison pour laquelle je cherchais à repérer les pensées. Alors si faut le faire à nouveau : je manifeste un comportement de type anxieux. Et pour faire simple, l’anxiété se définit par une anticipation négative ou pessimiste de l’avenir. D’où la nécessité de percevoir les pensées négatives ou dramatiques afin de les neutraliser. En toute logique, ma question ne devrait pas vous paraitre étrange. Maintenant si les personnes de ce forum malgré mes précisions continuent encore à chercher midi à quatorze heures, à l’évidence, c’est qu’elles ont un sérieux problème !
tu dis que tu penses en mots. Que tu entends.
Forcément l'image des nuages peut ne pas te parler : le zen vient d'orient, le vécu du corps, de l'esprit, n'est pas le même que chez nous, et il faut procéder à des ajustements pour comprendre ce qui est signifié. On pense avec le corps.
Bon, c’est la deuxième fois qu’on me dit qu’il faut « penser avec le corps » je crois savoir ce dont il s’agit mais j’ai besoin de savoir si nous parlons bien de la même chose. Pour moi, cela veut dire qu’il faut orienter sa conscience vers le corps mais cela veut dire aussi laisser agir le corps. Oui ?
Si des indications ne te semblent pas claires, essaie leur contraire. Un jour, quelqu'un nous a dit :essaie donc de suivre tes pensées. On voit qu'uau bout d'un moment, on ne peut pas suivre.
Quelqu'un m'avait décrit le même constat avec les visualisations tibétaines.
Donc je ne cherche plus à rien faire, et ne rien faire est une action difficile quand on est conditionné à la réaction permanente!
Je vois ce que vous voulez dire. Mais ne « rien faire » je ne crois pas que ce soit la bonne solution. J’ai au contraire la forte impression qu’il faut que j’oriente l’attention vers quelque chose qui a trait à la manifestation de la pensée. Et la piste de la sonorité est peut-être le bon « truc ».
Essaie de ne pas répondre au téléphone quand il sonne, de voir ce qui se lève dans ton esprit : pour ma part, c'est : "qui est-ce?" "est-ce un patient potentiel?" "si je ne réponds pas de suite, il va appeler ailleurs", etc etc.......et quand je réponds sur le fixe parce que j'ai toutes ces peurs qui sont là et guident mes actes en toute inconscience, en général je tombe sur une jeune femme qui me demande si je suis proprio pour me vendre des panneaux solaires!!
Donc quand je suis l'impulsion, j'agis ce qui me conditionne. alors que si je ne bouge pas, le vois le train de pensées qui se serait transformé en actions, paroles, et actes entraînant des conséquences etc etc........
C'est pareil sur un forum quand on suit la pensée qui va entraîner le geste qui tape sur le clavier des mots.
C'est pareil sur un coussin, sauf que là on ne fait vraiment rien, et c'est bien plus subtil.
Faut voir avec ses oreilles, écouter avec ses yeux.
Hum ! Pour l’heure, je dirais plutôt « écouter » ses pensées avec ses « oreilles ». Peut-être même augmenter le volume ou encore les dire à haute-voix. C’est d’ailleurs le principe de la psychanalyse. Il n’est pas impossible que cette technique améliore votre capacité à les entendre mais, bon, ce ne sont que des hypothèses de ma part.
Et recevoir les pensées, comme on reçoit l'image. Là ça devient de plus en plus clair que si on veut aller voir ce qu'il se passe.
Faut pas bouger.
C'est ce que disait Deshimaru. Plein en ont fait un dogme, parce que s'ils ne bougent pas, en fait ils bougent encore à l'intérieur. Or il faut vraiment ne pas bouger. Et à la fin ça ne veut plus bouger.
Alors là on peut se relever et aller dans le monde. On peut bouger.
C'est le secret de la sagesse immobile des maîtres d'arts martiaux. Mais à la fin de leur vie ils allaient tout le temps voir des maitres zen. Pour arrèter de se battre, et ne plus bouger, et bouger à partir de là.
Oui, je retrouve dans vos propos la conception de Krishnamurti : penser à partir du vide, agir à partir du vide.