Milot a écrit: Yudo, maître zen a écrit:Brad Warner, à ceux qui lui parlent "d'enseigner" sur Internet, répond qu'il enseigne en personne, lors des sesshins, lors des rencontres. Sur son blog, il se contente d'écrire ce qu'il pense, et d'échanger, éventuellement, avec les abonnés, mais il nie systématiquement qu'on puisse prendre cela comme enseignement, parce que, pour lui, l'enseignement, c'est face à face, d'esprit à esprit.
Je suis d'accord avec cela.
Là on a amorcé un autre sujet qu'il serait intéressant de développer ailleurs .
Mais je pense qu'il n'y a pas forcément de règles préalables pour comprendre le Bouddhisme .
C'est justement ce fait qui le rend si insaisissable .
Certains pensent qu'il faut en saisir la doctrine, d'autres s'assoir, d'autres vivre tout simplement .
Une situation banale de la vie peut nous éveiller et on peut stagner dans un Dojo en restant assis ou progresser .
Ca n'est pas si évident d'émettre des règles qui favoriseraient l'éveil .
L'idée de faire penser que la sagesse ne se manifeste qu'assis d'une certaine façon avec un Maître dans un Dojo et pas autrement me parait tirée par les cheveux .
Peut être trop Bouddhiste pour en être Bouddhiste .
L'idée, c'est de faire une expérience qui amène à
sentir la réalité, car trop souvent nous pensons la réalité, nous adhérons de façon fascinée à ce que nous pensons, croyons, concernant la réalité qui nous entoure et nous compose, plutot qu'être en relation avec celle-ci.
S'asseoir selon un certaine façon, avoir une relation avec un maitre, avoir un enseignement situé dans un certain contexte spatio temporel, une certaine lignée, ceci sont des outils. Si on les transforme en une fin en soi, on perd le sens premier de sa démarche : vivre éveillé, conscient, arrèter de se lier soi-même.
On peut s'attacher la posture, au maitre, l'enseignement, au bouddhisme. Si on fait ça, on a raté la cible : on s'est trouvé un nouvel objet d'attachement, une nouvelle distraction, un nouveau hochet.
Ce n'est pas en émettant une règle qu'on favorise l'éveil : c'est l'éveil qui énonce sa loi. Pas pareil!
Il ne s'agit pas de rejeter la pratique, mais justement de voir que le dharma est éminemment pratique, et que ce qui en est dit devrait provenir de la pratique, et non pas de la pensée sur la pratique et la réalité. Ce n'est pas une nouvelle couche de concepts.
Et si on s'intéresse l'enseignement bouddhiste, comme on l'appelle, ce n'est pas tant pour avoir un nouveau truc à savoir, que pour le mettre à l'épreuve de l'expérience concrète et pratique en ce monde. Faire le lien sans cesse entre ce qu'on lit, ce qu'on assoit sur le coussin, ce qu'on échange avec quelqu'un qui a une expérience, et ce qu'on vit dans le monde.
Le dharma, c'est mettre en relation.
Mettre en relation a peu à voir avec saisir, s'approprier, solidifier, fixer.
Ca bouge, c'est dynamique, ça respire, ça vit.