par lausm Mer 19 Avr 2017 - 13:34
Comme y disait l'autre, un peu plus loin dans son écrit :
"Si vous voulez réaliser le Un, ce n'est possible que dans le non-deux.
Comme cela est non-deux, toutes choses sont identiques, semblables, tolérant les contradictions"
Je ne suis pas sûr que le Dieu dont parle Tango, soit celui du monothéisme. Ceci est une interprétation subjective, qui ne peut s'imposer à celle qu'il a qui lui appartient. Perso quand je pense à Dieu, je n'ai pas l'image d'Epinal monothéiste. Donc pour moi ça n'a rien d'évident et je ne me reconnais aucunement dans cette assertion.
Quand les amérindiens parlent du Grand Esprit, on pourrait dire qu'il s'agit de quelque chose du même ressort : un principe sans représentations, mais qui a de multiples émanations. Même s'ils l'appellent grand-père (on n'y échappe pas, au truc patriarcal, quand même). On peut y voir de grandes similitudes, d'ailleurs, les amérindiens se sont très bien accomodés de la présence de Dieu lors des tentatives de christianisation de leurs pratiques, car en fait, leur vision du monde est tellement inclusive qu'il n'y avait pas besoin de bagarres (c'est l'empèchement de pratiquer qui a conduit aux violences, car la cohésion que provoquait leur pratique faisait très peur au pouvoir américain).
Pour moi les bouddhistes ont juste souvent remplacé Dieu par un non-Dieu, la vacuité, un principe sans représentation, que beaucoup adorent comme une nouvelle icône(notamment chez les zenistes occidentaux), au point d'en faire un nouvel objet conceptuel tout en croyant avoir évacué le concept de leur esprit, et sans avoir vraiment compris l'usage de la vacuité. Plaquant une culture sur une autre en toute inconscience.
Comme disait Bodhidharma, "si vous vous attachez à la vacuité (qu'on pourrait je pense remplacer à loisir par non-dualité), même mille bouddhas ne peuvent rien pour vous (bon, lui il y mettait le paquet de mille!)"
Quand au fait que Bouddha était un type d'il y a longtemps en chair et en os, alors de qui causait Deshimaru quand il balançait à ses disciples qu'assis en zazen, ils étaient Dieu, ils étaient Bouddha?
Personne ne s'est retrouvé avec un chignon chic sur la tête et un air princier, vètu d'une étoffe légère avec un drapé impeccable, à la mode d'il y a 2600 ans, que je sache? Il s'agissait bien d'une autre chose que d'un être identifié d'il y a 2600 ans sous ses aspects historiques, mais bien d'une notion qui dépasse cela, et qui concerne l'essence de l'être humain maintenant, non?
A part cela, Eckart, chrétien mystique que beaucoup de zenistes trouvent proche du zen (Tokuda le commente chroniquement), il prônait ni plus ni moins que l'humain devait devenir Dieu, humain et Dieu Un(s).
Il s'est juste un peu éclipsé pour éviter le bûcher : ce degré de liberté de parole était trop dangereux pour une Eglise avide de dépendance superstitieuse de ses fidèles. C'est mieux que Dieu soit inaccessible et qu'on doive passer par ses ministres pour lui causer, qu'avoir sa ligne directe.
Mais réaliser la nature de Dieu en soi, n'est pas vraiment différent en tant que discours que de parler de réaliser la nature de Bouddha en soi.
C'est ce que Deshimaru signifiait, à mon sens. Tokuda aussi quand il s'intéresse à Eckart.
Pour ma part, comme Sosan, je tolèrerai donc la contradiction, en ne tranchant pas sur le problème de Dieu, monothéiste, plurithéiste, no-théiste, ni sur le fait que la nature de Bouddha soit transcendante, immanente, organique, spirituelle, existe ou n'existe pas ou quoi que ce soit du genre, et que le Vide soit vide, remplissable, plein de vide, vide de quoi que ce soit, et tout le toutim. Et je comprends que le Bouddha (l'historique, pour le coup), ne se soit pas prononcé sur le truc.
Et si le fait que quelqu'un croient ou nomment ce truc dont on ne peut dire grand chose sans dire beaucoup de conneries spéculatives, Dieu, pour moi no problem.
Le seul critère, comme j'ai déjà dit, c'est que ça aide à cesser la souffrance. Chez certains ça marche, donc pour moi c'est ok, et ce n'est pas antagoniste alors avec le bouddhisme, si le résultat est le même.
Même si c'est une illusion....j'ai vu dans mon boulot des placebos plus efficaces que de vrais médicaments, et ce qui compte, n'est pas que le moyen soit imposé parce que la science considère qu'il devrait être efficace, mais que le patient soit soulagé.