Le problème c'est que les jeunes maîtres deviennent vieux, et avec la même (non-)compréhension, et je trouve cela gènant.
Le dogme, car c'est devenu un dogme, stipulant que zazen se suffit à lui-même, est à mon avis une grande erreur, et une confusion savamment entretenue. Ceux qui en arrivaient à parler ainsi, genre Dogen et autres consorts, le faisaient alors qu'ils étaient déjà bouddhistes, et pratiquaient dans un cadre monastique avec des règles de comportements strictes. On peut avoir un recul critique avec ce système : entre ça et un système hiérarchique féodal, la différence se tient à un cheveu, et ce qui peut servir de cadre à un éveil peut aussi servir de cadre à une relation de soumission.
C'est malheureusement ce que je ressens de l'évolution dans le zen français azédique, et notamment autour de personnes dont celui dont on parle, et ça ne me semble en aucun cas libérateur...et attention, oser critiquer le truc, c'est se mettre en danger. Pour cela je n'ai jamais voulu donner de noms ni de lieux, mais maintenant, je me permets. Après tout je ne fais que parler de ce qu'il s'est réellement passé, à chacun d'assumer après.
L'autre jour, je lisais John Kabat-Zin, l'apôtre de la pleine conscience. Il parlait justement du fait qu'il avait mis du temps à réaliser qu'alors qu'il croyait que la méditation assise suffisait à elle-même pour changer, qu'il fallait justement prendre des décisions, réfléchir, avoir des intentions.
Je suis pleinement d'accord avec ce fait, et les cadres éthiques existant dans la pratique sont théoriquement faits pour cela. Un travail thérapeutique me semble aussi une très bonne source d'inspiration quand on en a besoin, et ne s'oppose pas à la pratique.
Zazen se suffit à lui-même, mais ultimement et du point de vue d'une réalisation accomplie.
Après, faut vivre dans le monde relatif.
Je n'attends pas la perfection d'un dit maître. Par contre l'intention de tenter d'y aller et de guider vers cela, oui.
Mais quand le discours contredit les actes, là je me dis qu'on est en plein marketing. Car comme disait le maître Bon Scott, chanteur du groupe de rock ACDC, "you can't trust something you don't understand", vous ne pouvez vous fier à quelque chose que vous ne comprenez pas.
Mais lui chantait surtout son expérience de vie, pas une image idéale, et peut-être c'est ça qui touche encore les gens.
Pour préciser, OWG n'était pas mon référent : il était celui du lieu où nous pratiquions et de son responsable. A vrai dire, j'ai commencé avant qu'on ponde ce fonctionnement arbitraire de référents. Mon premier référent a toujours été la pratique, puis je n'ai jamais aimé cataloguer les relations, car si j'ai suivi plus particulièrement Roland, cela n'a jamais été en exclusion des autres : j'ai toujours tâché de recevoir ce qu'il se donnait, tel que ça venait, sans discriminer, car pour moi nous partagions la même essence, que chacun transmet différemment selon ce qu'il est.
Pourquoi figer les relations?
Le fait est que le seul dokusan que j'aie jamais fait n'a pas été avec Roland, mais OWG...je lui exprimais mes doutes sur le fait de choisir et suivre un maître, et il m'a répondu que sans un maître, j'irais dans le mur....j'ai trouvé cette image marrante pour du zen soto!
Cela dit, ce que j'ai vu autour de notre exclusion, m'a montré une chose : que je ne pouvais considérer leur façon de gèrer un conflit comme ça comme une attitude digne de maîtres. Quand on refuse de mettre les mains dans le cambouis, quand on traite les situations de loin, sans assumer la relation directe avec les protagonistes, quand on donne les instructions pour laisser faire le sale boulot aux petits responsables, quand on ne répond pas au courrier que j'ai envoyé pour dire ce que j'avais vu et ressenti de tout cela, je me dis que la maîtrise, je l'investis désormais en moi, déjà en reconnaissant tout ce que j'ai donné gratuitement sans attente de retour, et en choisissant de cesser de donner à des gens qui en fin de compte nourrissent leur ego avec le don des autres, et ne savent ni ne veulent savoir donner aux autres.
Tout ce truc de référents et de maîtres est une pure construction destinée à continuer à faire tourner la machine, machine dans laquelle des gens de très bonne intention sont capables de mettre de l'amour, de la présence, du temps et du fric, en croyant qu'en face d'eux ils ont des gens qui savent quelque chose qu'ils ne savent pas.
Et puis pour les dogmatiques du zazen qui se suffit à lui-même, je me demande pourquoi on ne relève jamais cette phrase du Fukanzazengi, qui est pourtant le monde d'emploi le plus orthodoxe du grand patron du zen soto, notre cher Dogen, qui disait en substance : " le zazen dont je parle n'est pas l'apprentissage de la méditation assise, mais le parfait dharma de paix et de bonheur."
Au final, réaliser paix et bonheur, c'est bien plus exprimer l'essence du zen, que s'asseoir en zazen sans la paix et le bonheur.