Zen et nous

Le zen, sa pratique, ses textes, la méditation, le bouddhisme, zazen, mu

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Kaïkan
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    Le Maître dans le Zen (sôtô)

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Lun 27 Juin 2011 - 17:23



    Attachement et non-attachement à l'objet.

    A l'époque de Dogen, il y a eu des moines qui firent l'expérience d'un long entraînement et d'une grande pratique, mais ils errent dans la mer de la vie et de la mort. Mais certaines nonnes qui étaient de jeunes femmes continuèrent leurs efforts, se concentrèrent sur zazen et pratiquèrent la Vraie Voie. Aussi sont-elles des vrais éducateurs et de vrais Maîtres sur la terre comme au ciel. Aussi ces moines qui sont des hommes sont complètement pitoyables car ils comptent seulement les grains de sable infinis dans la mer de l'académisme mais n'ont jamais vu le vrai Dharma du Bouddha, même en rêve.
    Donc, quand vous voyez l'objet, vous ne devez ni vous échapper de lui, ni courir après. Vous devez l'observer et comprendre ce qu'il est, sans y être attaché.
    S'il vous plaît, n'ayez pas peur. Si vous êtes dérangé par l'objet ou si vous vous échappez de lui, vous tomberez alors dans la pratique du Hinayana ou des Shomons. Si vous quittez l'Est et que vous vouliez vous cacher à l'Ouest, vous verrez l'objet du monde occidental. Si vous lui échappez, vous rencontrerez un autre objet à peu de distance. Ainsi l'esprit d'attachement à l'objet ne dépend pas de la proximité ou de l'éloignement. Si vous n'êtes pas détaché de l'objet, la distance augmentera de plus en plus.

    Il y a quelque chose d'amusant au Japon. C'est la "zone tabou" ou « le dojo Mahayana ». Il était interdit aux nonnes d'y entrer. Cette tradition erronée dure depuis fort longtemps et jusqu'à présent personne ne l'a remise en question. Sur ce sujet, même les gens qui connaissaient les vieilles coutumes et en avaient une profonde compréhension ne faisaient pas de commentaires. Cette tradition est appelée " l'organisation d'un homme puissant ", ou bien "la tradition héréditaire" et personne ne la remet en question. J'en ris tellement fort que mes intestins pourraient éclater.
    Qu'est-ce qu'un homme puissant ? Est-ce un sage ? Un dieu ? Un démon ? Ou les dix sages ? Ou Tokaku (quelqu'un qui a obtenu le satori) ? Ou Myokaku (quelqu'un qui a un satori mystique) ? Alors, si une vieille tradition ne peut pas être modifiée, le mauvais karma de la vie et de la mort ne peut pas non plus être changé. Qu'en pensez-vous?
    Bien plus, notre grand Sâkyamuni Bouddha a obtenu le grand satori.
    Ce n'était pas un satori mystérieux. Il avait fait l'expérience et compris tout ce qui devait être compris et expérimenté. Il a émancipé (Gedatsu) toutes les choses qui devaient être émancipées. Par conséquent, personne aujourd'hui ne peut aller au-delà de l'expérience du Bouddha, de sa dimension et de son envergure.

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Mer 29 Juin 2011 - 21:41



          L'assemblée pure : kekkai

    A l'époque du Bouddha Shakyamuni, il y avait beaucoup de rassemblements de moines, de nonnes, de bodhisattvas, hommes et femmes, beaucoup de sortes d'assemblées, de quatre types, huit types, trente-sept types ou quatre-vingts mille (*). Ces assemblées furent établies dans l'esprit de la Sangha. Mais tous ces rassemblements ne se sont jamais faits sans qu'il y eut des moines ou des nonnes, des hommes et des femmes sur les huit parties du monde. En fait, partout, de tous temps, les moines et les femmes se sont assemblés. Le Bouddha n'a jamais fui les femmes. Bien sûr, il n'a jamais non plus couru après.

    (*) Durant une sesshin, beaucoup de gens d'origines différentes étaient rassemblés.
    Quand on parle de quatre types de personnes, cela fait référence aux moines, nonnes, bodhisattvas hommes et femmes. Quand on parle de huit types, on se réfère aux dieux-protecteurs du Bouddhisme : Deva, Nagan, Yaksa, Asura, Garuda, Gandharva, Kimnara, Mahoraga.
    Pendant les sermons du Bouddha, les auditeurs étaient divisés en trente-sept catégories et pratiquaient la Voie. Quant à quatre-vingts mille, cela fait référence aux innombrables bonnos de l'humanité.
    S'agissant de l'humanité, quatre-vingts mille est utilisé pour désigner un nombre illimité, On l'utilise souvent comme préfixe devant des notions telles que Kalpa, années, types d'illumination, signes de Bouddhéité.
    _____________________________________________________________________________________

    Par conséquent, nous ne devons pas souhaiter avoir des assemblées plus pures qu'à l'époque du Bouddha. Certains pensent que parce que ce monde est diabolique, il ne peut pas être celui du Bouddha. Mais le Dharma du Bouddha inclut lui-même les trois autres mondes ( Monde visible, monde invisible, au-delà du monde.) et les mille mondes du Bouddha. Il inclut le monde infini et éternel. Il n'existe. pas de monde limité ou de dimension limitée. Nous devons comprendre que si nous avons un Dharma différent, notre Sangha est différente des autres sectes.
    Par exemple : Arakan est la position la plus élevée du Hinayana. Le plus haut mérite n'est pas différent dans le Mahayana et dans l'Hinayana.
    Le plus grand est seulement un. Il n'est pas deux. Beaucoup de nonnes peuvent atteindre la position d'Arakan du Hinayana. Grâce à ces mérites, ces nonnes ne peuvent pas aller dans un monde différent de celui du Bouddha et vont au-delà du monde le plus élevé. Aussi personne ne peut déranger la pratique de ces nonnes.
    Myokaku (le satori mystérieux) est aussi la position la plus haute.
    Beaucoup de femmes peuvent l'atteindre. Et lorsque les femmes atteignent la dimension du Bouddha, leurs mérites peuvent remplir l'univers entier. Donc, quiconque veut entrer dans chaque monde ne peut déranger ces femmès. Déjà, les grands mérites de ces femmes resplendissent aux quatre coins du monde. Même si quelqu'un veut les déranger, rien ne peut les atteindre. Comment pouvez-vous imaginer que des femmes célestes ou des déesses puissent être dérangées sur la Voie du Bouddha par quoi que ce soit ?


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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Jeu 30 Juin 2011 - 7:55



    L’enseignement primordial du maître.

    Le premier enseignement qui est donné par tous les maîtres zen à tous les disciples c’est : « Tournez le regard à 180° ».

    Cela signifie : cessez de vous projetez sur les objets extérieurs et de vous identifier à eux. Il est en effet courant d’utiliser "l’autre " comme un miroir pour se regarder soi-même, et cette façon de faire est erronée. D’une part à cause de la confusion entre l’autre et soi-même qui est ainsi engendrée, et la « projection » (bien connue en psychologie) qui n’est pas toujours bien vécue par celle ou celui qui la subit.

    Par conséquent lorsque le disciple débutant interroge le maître zen, les réponses sont : "As-tu pris ton déjeuner ? Oui ? Alors va laver ton bol".
    Ou encore à celui qui demandait comment entrer dans le zen : "Entends-tu le bruit de la rivière au loin ? Oui ? Alors entre par cette porte là".

    Ces réponses (il y en a beaucoup) ont toutes comme objectif de montrer la bonne direction. Ne pas se projeter sur les autres mais retourner le regard vers l’intérieur ; construire soi-même sa propre attitude, libre et indépendante, afin de pratiquer dans les meilleures conditions.

    De la même façon dans les échanges sur le forum, il est préférable de ne pas perdre de vue que les débats sont à propos des "sujets de discussion" sans s’identifier personnellement au pour ou au contre. Ce qui est bien exprimé dans cette phrase d'Antoine de Saint-Exupéry : "L’amour ce n’est pas de se regarder l’un l’autre, mais regarder ensemble dans une même direction".

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    Message par Invité Jeu 30 Juin 2011 - 22:35

    Bonsoir Kaïkan,

    J'apprécie vraiment beaucoup ces lectures.

    On ne peut se détacher sans s'attacher... Une mère accepte cela sans y penser, elle s'attache naturellement à son enfant, sans se préoccuper de savoir si elle en souffrira, mais s'en détache tout aussi naturellement pour le bien-être de son enfant, pour son bonheur, pour le laisser grandir. Et cela fait sa joie. Et connaissance l'impermanence, c'est comme le lever et le coucher du soleil.. Ce serait vouloir s'attacher à l'un ou à l'autre, l'un plus que l'autre, qui fait souffrir. Il faut bien qu'il y est jour et nuit...


    S'agissant de la projection, oui c'est manquer de se connaître soi-même, prisonniers d'un aveuglement, d'une illusion.
    Sans compter que psychologiquement parlant les projections, souvent basés sur l'idéalisme, les idées préconçues et préjugés peuvent faire mal.

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    Les amants (1928)

    René Magritte

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    Enfin, bon... Le Bouddha aurait peut-être aimer Youssou N'Dour :

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Ven 1 Juil 2011 - 17:01



    Les femmes célestes

    Naturellement les femmes-célestes n'ont pas encore coupé certaines  illusions. Elles sont encore semblables aux êtres sensibles errants qui souffrent de la vie et de la mort. Aussi commettent-elles encore des péchés. Si elles ne doivent pas en commettre, certainement n'en commettront- elles pas. Certaines femmes pèchent. Par contre certaines femelles animales ne le font pas. Toutefois qui peut déranger la Voie du ciel ou la Voie de Dieu ?
    Lorsque ces femmes se rendent aux réunions du Bouddha et qu'elles étudient dans son dojo, si d'autres personnes énoncent un enseignement différent, qui peut les croire ? Un tel enseignement est complètement idiot et trompe les gens du social. C'est plus idiot qu'un renard des champs qui, devenu tellement anxieux, révèle l'emplacement de son terrier aux hommes.
    La place des disciples du Bouddha parmi les bodhisattvas du Mahayana et les shomons (les gens du satori du Hinayana) doit être ainsi :
    1. Les moines
    2. Les nonnes
    3. Les bodhisattvas hommes
    4. Les bodhisattvas femmes.
    Cet ordre relève du bon sens sur la terre comme au ciel. C'est la règle traditionnelle depuis les temps anciens. Donc, la position hiérarchique des nonnes dépasse celle du saint roi Tenrinwo (le roi qui fait tourner la roue, Kakravarti Raja en sanscrit) (1) et du roi Tai Shaku (le protecteur du Bouddhisme) ou celle des hommes célestes. Ces nonnes doivent pouvoir aller partout. Elles sont d'un rang plus élevé que celui du roi ou du ministre d'un petit pays.
    De nos jours, la plupart des dojos sont interdits aux femmes, alors que les paysans incultes et les hommes des bois peuvent y pénétrer, plus aisément même que les hommes de la haute société, les rois et les ministres. Les cent gouverneurs et le premier ministre y entrent librement, sans crainte. Si ces nonnes et ces paysans modestes discutent
    à propos de l'étude de la Voie ou de la culture, qui gagnera, qui perdra? Surement les nonnes gagneront. Même s'ils discutent d'affaires sociales ou du Dharma du Bouddha, ces gens modestes ne peuvent pas atteindre la dimension des nonnes. Aussi, de nos jours, est-il complètement erroné d'interdire aux nonnes l'accès dans la « zone tabou» uniquement parce que sont des femmes.

    Cette règle n'est appliquée que dans un petit pays comme le Japon. C'est dommage ! Quand le premier fils du Bouddha compassion né des trois mondes visita un dojo dans le petit pays, on lui en refusa l'entrée.
    Et, à l'époque actuelle, la plupart des gens qui habitent dans ces dojos n'ont pas peur de commettre les dix péchés et de briser les dix kai.
    Par conséquent, comme ces personnes ne sont pas normales et commettent des péchés, elles sont capables de haïr ceux qui ne les commettent pas. En plus, les cinq péchés mortels (2) sont les plus graves. Mais dans ces dojos, certaines personnes commettent ces péchés graves. Aussi ces dojos démoniaques doivent-ils être détruits et supprimés. Et les personnes qui les fréquentent doivent retrouver la condition normale de la Vraie Voie du Bouddha et étudier son enseignement. Elles doivent entrer dans la communauté du vrai Bouddha. Ainsi deviendront-elles profondément reconnaissantes à l'égard de la grâce du Bouddha.
    _________________________________________________________________________________________

    (1) On parle des quatre rois qui font tourner la roue : or, argent, cuivre, fer.
    (2) Tuer son père ou sa mère, un saint ou un maître, injurier le corps du Bouddha. Créer des inimitiés entre les amis, moines ou nonnes dans le Sangha.


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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Invité Sam 2 Juil 2011 - 9:35

    P'tit bonjour,

    Un maître serait celui qui accompagne sur la voie, et nous rend libre, les yeux ouverts ?
    Les yeux ouverts comme un lac qui voit les nuages, le ciel, l'univers... à chaque instant, sans jugement...


    Dieu donnant. Donner, c'est le non-attachement :
    simplement ne s'attacher à rien, c'est donner.

    Shunryu Suzuki



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    Merci Kaïkan...
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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Sam 2 Juil 2011 - 18:53



    Comprendre kekkai

    Vieux disciples qui vous êtes trompés précédemment, comprenez-vous profondément le sens de kekkai ? Qu'est-ce qu’ un vrai Sangha ? Une vraie sesshin ? Qu'est-ce que kekkai (Le kanji kekkai signifie une assemblée, une communauté, une soirée. une réunion, un cercle, un groupe. le sangha, une sesshin.) ? Qui vous a enseigné kekkai ? Vous en a transmis le sens ? De qui en tenez-vous la certification ?

    Chaque personne qui entre dans ce lieu de réunion, ce lieu de kekkai où beaucoup de Bouddhas sont assemblés peut revenir à la merveilleuse source de la Voie de la vérité, la Voie du Dharma, de l'ordre cosmique, en s'émancipant de son esprit égoïste, de son esprit d'attachement à tous les êtres sensibles et même au Bouddha. Tous ces êtres sensibles qui avancent dans cette communauté, kekkai, peuvent recevoir les mérites de la Voie du Bouddha, couper leur mauvais karma erroné et être complètement purifiés. Dans ce kekkai, lorsqu'on est réunis et mélangés dans un seul endroit, tout le cosmos fusionne.

    En ce seul endroit, l'eau et l'esprit sont reliés. Quoi qu'il en soit, ce kekkai doit être compris, comme je l'ai déjà dit, à travers la transmission d'un vrai Maître.
    En plus, comprenez-vous ce qui suit? Au début de la cérémonie d'ouverture de kekkai, chacun doit être aspergé de doux nectar ou d'eau parfumée sur la tête par le Maître, puis faire sampai, « Kimyo Chorai ».
    Et, après la cérémonie purifiante durant laquelle on prononce les kai, le Maître chante un sutra sous forme de poème. Ce sutra dit : Kikai Hen Kokkai Mui Ketsu Shojo. Ce qui signifie: cet endroit est la communauté du Dharma, la communauté cosmique, la communauté parfaitement pure. Ainsi, vous, anciens disciples, qui dites toujours « ici, c'est
    kekkai », comprenez-vous le sens véritable de kekkai ? J'en doute car je pense que vous ne comprenez sûrement pas que le cosmos entier peut être inclus dans ce kekkai, même si l'endroit est très étroit. A l'inverse, lorsque vous êtes enivré par le saké (l'enseignement) du Hinayana, vous ne devez pas vous tromper et penser qu'une communauté minuscule est immense.

    Conclusion

    Je prie comme suit :
    S'il vous plaît, éveillez-vous de l'ivresse de toutes les illusions, de tous les péchés, de tout ce qui conduit à l'extase aussi rapidement que possible. Et s'il vous plaît, venez dans la grande et vraie communauté, la communauté cosmique, le Sangha accueillant. Sil vous plaît, entrez dans le vrai groupe de zazen, la sainte communauté des nombreux Bouddhas, et non des démons. Guidons profondément toute l'humanité.
    Puis, finalement, tous les êtres sensibles et toute l'humanité seront sauvés au plus profond de leur esprit par la vraie communauté, notre vrai Sangha.
    Telle est la vraie sesshin, le vrai kekkai. Nous devons faire raihai, sampai et vénérer profondément tous les mérites et l'éducation que tous les êtres sensibles et les êtres humains reçoivent dans cette communauté.
    A ce moment-là, chacun peut obtenir la vraie moelle du Maître, la vraie Voie du Bouddha. Tel est le vrai Rai hai toku zui.


    Ecrit la veille du solstice d'hiver 1240, au temple Koshoji à Uji.


    Un mois plus tard, la même année, Dogen écrivit le Kesa Kudoku (la transmission du kesa) et le Dene, deux volumes du Shobogenzo.

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Invité Dim 3 Juil 2011 - 16:35

    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Flor-lotus
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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Empty Faut-il avoir un maître ? Réponse de Maître Dôgen

    Message par Kaïkan Dim 3 Juil 2011 - 17:51


    Faut-il avoir un maître ? Réponse de Maître Dôgen

    Par Maître Dõgen
    GAKUDO YOJINSHU texte N°5 de Maître Dôgen

    Un ancien aurait dit " si votre aspiration du début disparaît, alors tous les efforts que vous mettez dans votre pratique seront vains ". Comme il disait vrai ! La profondeur de la pratique dépend essentiellement de la valeur de l’instructeur.

    Le disciple peut être comparé à une pièce de bois de qualité et le Maître à un charpentier. La beauté de cette pièce de bois ne peut apparaître sans une grande dextérité de la part du charpentier. Après tout, même un bois difforme peut trouver son utilité s’il est travaillé par des mains expertes. Cette analogie nous éclaire et nous fait comprendre qu’atteindre la réalisation dépend essentiellement du fait que l’instructeur soit dans le vrai ou le faux.

    A ce jour, dans notre pays, de tous les prétendus Maîtres, aucun ne semble être de véritable. Comment peut-on l’affirmer ? En examinant les écrits qu’ils nous ont laissés, comme on le ferait pour juger de la qualité d’une source en puisant l’eau à son aval. Nombreux sont les Maîtres qui ont écrit des ouvrages dans le but d’éduquer leurs disciples et de propager leurs enseignements au grand public, mais on n’y trouve aucune trace de maturité. N’ayant pas atteint la compréhension de l’enseignement de base, comment auraient-ils pu s’approcher du chemin de la réalisation ? Ils n’ont fait que transmettre des mots et enseigner à chanter le nom du Bouddha. Nuit et jour ils n’ont fait que l’inventaire des richesses d’autrui sans avoir eux-mêmes un piètre sou. Voilà où nous ont amenés ces anciens.

    Certains d’entre eux ont enseigné aux gens de rechercher l’Eveil hors de leur esprit et d’autres ont préconisé de désirer renaître sur une autre terre comme la Terre Pure. Par ces instructions erronées, ils ont installé la confusion et le désordre. Cela reviendrait à vous donner un médicament sans se soucier des effets secondaires nocifs. C’est comme si on vous aurait administré un poison.

    Dans notre pays, il est difficile de se débarrasser de la souffrance causée par la naissance et la maladie, car personne n’a vraiment administré de bon remède et n’a soustrait les gens aux effets secondaires. Ceci est de la responsabilité du Maître mais non du disciple.

    Pourquoi en est-il ainsi ? Les Maîtres ont enseigné à leurs disciples de rejeter les racines et de rechercher des bouts de brindilles. Avant d’avoir acquis une compréhension véritable, ils ont agi selon leur propre préoccupation et ont mené leurs disciples sur une mauvaise Voie. C’est désolant !

    Ces Maîtres n’ayant pas compris qu’ils étaient eux-mêmes dans l’illusion, comment leurs disciples pouvaient-ils distinguer le vrai du faux ? Comme c’est triste !

    La doctrine du Bouddha ne s’est pas encore répandue dans notre si petit pays et un véritable Maître n’est pas encore apparu. Si vous aspirez tout de même à apprendre la Suprême Voie du Bouddha, rendez donc visite à un Maître chinois en pays des Song et vous pourrez laisser loin derrière vous le sentier des discriminations mentales.

    Si vous ne trouvez pas un vrai Maître, il serait souhaitable de ne pas pratiquer du tout.
    Etre un vrai Maître ne dépend pas de l’âge, mais plutôt du fait qu’il ait pénétré le vrai Dharma et qu’il ait reçu l’authentification d’un vrai Maître.

    Pour un vrai Maître, l’importance ne se situe pas au niveau des mots ou de la compréhension intellectuelle. Il doit être à même de transcender les discriminations mentales et avoir une énergie hors du commun. Il se doit d’être libéré de ses vues égocentriques et ne pas être lié aux passions mondaines. Sa pratique reflète sa compréhension. C’est cela un vrai Maître.

    Maître Dõgen


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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Invité Lun 4 Juil 2011 - 6:35

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Lun 4 Juil 2011 - 17:51


    COMMENTAIRES    (de M° Deshimaru)

    Raihai, Sampai

    A partir d'aujourd'hui, je vais commenter le Shobogenzo, Raihai Tokuzui.
    Raihai est identique à sampai. Sampai signifie trois prosternations, trois pais. Kyu pai : neuf pais. Ju hachi pai: 18 pais. Mais raihai n'est pas que sampai. Il n'est pas non plus semblable à l'adoration selon le Christianisme, qui est pourtant traduite par raihai dans le dictionnaire bouddhiste.
    Raihai se dit namaskara en sanscrit. De l'Inde, il s'est répandu en Chine puis au Japon.
    Dans le dictionnaire bouddhiste, trois sortes de raihai sont mentionnées:


      Rai : - l'adoration par la parole. Remercier ou saluer;- s'agenouiller à mi-hauteur, tête droite;- faire des prosternations comme les sampais, genoux fléchis, la tête posée sur le sol aux pieds du Maître.



    La tête est la partie noble du corps, les pieds sont en dessous. Donc respecter les pieds d'autrui avec notre tête est la prosternation la plus élevée, a dit Nagarajuna dans le Daichi Ron, les Commentaires du Maka Hannya Haramita Sutra.

    Les neuf méthodes de Raihai


    Dans d'autres sutras, sont décrites neuf formes de raihai


      1. Par la parole, la salutation.2. En inclinant la tête, en saluant, sans parler.3. Dans le passé, les Chinois saluaient en soulevant leurs mains et leurs bras à la hauteur de la poitrine, la main gauche tenant le coude droit et la main droite tenant le coude gauche.4. Gassho.5. La deuxième posture mentionnée par Nagarajuna, agenouillé à mi-hauteur, en gassho, comme lorsqu'on reçoit l'ordination.6. A la Japonaise, assis sur les talons, le tronc courbé vers l'avant.7. Toujours assis sur les talons, les mains sont posées sur le sol.8. On pose les mains, les pieds et la tête sur le sol. C'est l'équivalent du sampai.9. On jette au sol le corps tout entier, bras en avant.



    Au Japon, en Chine, dans le Bouddhisme, le sampai est la prosternation la plus élevée. Aux Indes, on ne faisait qu'une prosternation. Mais en Chine et au Japon, cela est passé à trois, neuf, dix-huit, parfois cent prosternations successives. A l'heure actuelle, les Chinois ne pratiquent plus raihai. Tous les esprits de la civilisation asiatique finissent par être absorbés et regroupés au Japon, les bonnes choses et les mauvaises.
    Au Japon, les prosternations, les salutations, la vénération se sont largement développées. Pas en Europe. On se dit bonjour, on s'embrasse. Les baisers sont très répandus. C'est bien, cela rend intime. J'utilise les deux. Les Japonais sont trop polis. Embrasser, c'est parfois bien.
    Les Japonais terminent leurs lettres par: « … avec cent prosternations ». En Europe, on écrit: « …avec mille, dix mille baisers! » Ce n'est pas possible! Raihai Tokuzui, c'est se prosterner. Mais en anglais, prosternation a un sens péjoratif. Il vaut mieux dire: faire sampai et parvenir à la moelle.

    Eka et la moelle de Bodhidharma

    Souvenez-vous d'Eka et de Bodhidharma. Bodhidharma questionna ses quatre disciples :


    • - Avez-vous compris mon zen ?
      Le premier disciple donna une explication.
    • - Vous avez compris, vous avez obtenu ma peau !
      Le second disciple, qui était la fille de l'Empereur, parla à son tour.
    • - Vous avez compris, vous avez obtenu ma chair !
      Après le discours du troisième disciple, Bodhidharma dit :
    • - Vous avez compris, vous avez obtenu mes os !



    A la fin, sans un mot, Eka vint et fit sampai devant Bodhidharma. Cette tradition s'est perpétuée. Au Japon, durant les mondos, le Maître répond uniquement par un sampai. Sans parler.


      Bodhidharma dit alors à Eka :
    • - Vous avez obtenu ma moelle !



    Toku signifie obtenir. Zui : la moelle.
    Dans le Zen, sampai et gassho sont très importants. Ils sont la certification de sho, le satori; le zazen sans gassho ni sampai n'est que la moitié de la pratique. Il faut les trois.
    Dans le dojo, avant de commencer zazen, vous faites gassho devant le zafu, puis vous vous tournez par la droite et vous faites gassho face au centre, pour les autres. Ouand vous vous levez, vous faites gassho à nouveau. A la fin de kin-hin, vous vous inclinez. Après l'Hannya Shingyo, vous faites les sampais.
    Nous répétons toujours zazen et raihai. C'est la vraie pratique religieuse. C'est l'essence et le fondement de la religion. Gassho et sampai sont rai hai.



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    Message par Invité Lun 4 Juil 2011 - 23:53

    Kaïkan a écrit:...
    La tête est la partie noble du corps, les pieds sont en dessous. Donc respecter les pieds d'autrui avec notre tête est la prosternation la plus élevée, a dit Nagarajuna dans le Daichi Ron, les Commentaires du Maka Hannya Haramita Sutra.
    (...)
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    Message par Invité Mar 5 Juil 2011 - 12:40

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Empty L'esprit religieux : Raihai (Commentaires de Taisen Deshimaru)

    Message par Kaïkan Mar 5 Juil 2011 - 15:55



    L'esprit religieux : Raihai

    Dans le Bouddhisme, on ne doit pas pratiquer raihai dans un but. A part celui de pratiquer avec les autres. Dans les écoles du Bouddhisme, on récite des poèmes ou des sutras avant raihai. Shorai signifie faire raihai ou recevoir raihai. Il s'agit soit de la manière active, soit de la manière passive. Raihai englobe ces deux attitudes. Sho et la nature deviennent ku jaku, tranquilles, paisibles, en unité. Celui qui fait raihai et celui qui reçoit raihai sont en unité. Notre propre corps et celui des autres ne sont pas séparés, ils ne font qu'un. (Muni: non deux).

    Nous espérons que tous les êtres obtiennent gedatsu, le satori et la vraie sagesse, et qu'ils reviennent au monde de la réalité. A la fin du satori, au bout de la religion, l'essentiel est raihai. Sans raihai pas de religion. Aussi toutes les méthodes de raihai se sont-elles développées en Asie. Si vous comprenez les coutumes traditionnelles et pratiquez raihai, vous connaîtrez la véritable essence. Moi seul l'ai amenée en Europe. De telles cérémonies n'y avaient jamais eu lieu. Vous bénéficiez là d'une pratique historique. Sans raihai, il n'y a pas de véritable religion.
    Les Européens n'aiment pas beaucoup les rites. Mais zazen sans raihai est pareil au yoga ou à la gymnastique. Raihai est absolument nécessaire.
    C'est ce qu'écrit Dõgen dans le huitième chapitre du Shobogenzo. En vous prosternant devant lui, vous pouvez obtenir la moelle du Maître.
    Sans le respect envers le Maître, il n'y a pas de zen. Sans ce respect, les lieux de sesshins ne seraient que des  hôtels.

    Si on ne le respecte pas, le dojo n'est plus un lieu saint, mais un endroit un peu bizarre. Certains ignorent raihai. Lorsqu'on pratique raihai, l'esprit religieux apparaît.
    Je n'avais encore jamais parlé de raihai. Cela fait quinze ans que je suis en France. Pour les débutants, c'est un peu difficile. Mais ceux qui ont un esprit religieux comprennent. C'est la fin ultime de la religion. Gassho est le commencement et la fin de la religion. Si vous ne pouvez faire zazen, gassho suffit. Dans leur lit, comme s'ils étaient dans leur cercueil, les moines mettent leurs mains en gassho.

    Raihai est très important. Dõgen écrit longuement à ce sujet. Il dit en particulier que les femmes ont l'esprit plus respectueux, plus religieux.
    Bouddha dit qu'hommes et femmes sont identiques, il est au-delà des sexes.


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    Message par Ho Mar 5 Juil 2011 - 17:02

    STP Kaïkan, j'ai du mal à repérer dans tes mises en pages les transcriptions de Dogen et tes commentaires, peux-tu bien différencier ou m'expliquer les repères . Merci. Smile


    Dernière édition par Ho le Jeu 25 Aoû 2011 - 14:36, édité 2 fois
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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Mar 5 Juil 2011 - 17:11

    Ho a écrit:STP Kaïkan, j'ai du mal à repérer dans tes mises en pages les transcriptions de Dogen et tes commentaires, peux-tu bien différencier ou m'expliquer les repères ? Merci. Smile
    Bonjour,

    A partir du message 74 ce sont les commentaires de sensei Deshimaru.
    Le message 1 de ce fil jusqu'au 70 c'est le raihai tokuzui de M° Dõgen.


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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Mar 5 Juil 2011 - 17:24



    Le symbole du bras coupé

    Le vrai Maître dont parle Dõgen est un héros. Il ne s'agit pas d'un héros qui recherche et aime le combat comme Napoléon, Reagan ou Mao, mais d'un grand homme spirituel qui recherche la paix, qui possède de grandes vertus et qui a l'esprit d'un renard sauvage. C'est l'essence dans l'obtention de la moelle du Maître à travers sampai. C'est raihai toku zui.

    « Après avoir rencontré le vrai Maître, il faut abandonner toutes vos relations ... » C'est le symbole du bras coupé d'Eka. Il faut tout abandonner, avoir l'esprit décidé. Ne gâchez pas votre temps. Poursuivez vos efforts et pratiquez zazen, sampai avec le Maître. Ne discutez pas, ne vous fâchez pas, mais continuez à pratiquer gyoji, dokan. Votre esprit doit être mushin, sans rien, mushotoku, même si vous avez des doutes.
    Ainsi vous ne souffrirez pas du démon, de la critique des autres, de la folie des imbéciles. Parfois, les amis influencent dans le mal et entraînent sur la voie erronée. Les amis idiots deviennent des démons. Lorsqu'il rencontra son vrai Maître, Eka se coupa le bras. Vous devez sentir, comprendre par vous-même. Et lorsque vous avez décidé, il vous faut toujours continuer. Il est difficile de continuer. Parfois, on est fâché et on veut se sauver. Même si le Maître se fâche après vous, vous devez faire sampai et continuer. C'est Raihai Tokuzui. Raihai dans le dictionnaire anglais-japonais signifie adoration, célébration. Mais l'adoration du Christianisme et raihai du Zen ne sont pas semblables. Si vous comprenez cela, vous saisissez la différence d'esprit et de coutumes entre l'Orient et l'Occident. En harmonisant les deux civilisations, on résoud la crise de la civilisation moderne.


      Rai: le comportement, les manières, l'attitude, les cérémonies, la gratitude, la récompense, parfois l'éthique, la protection, la courtoisie.Hai : s:incliner, vénérer, comme durant sampai.



    Raihai, c'est donc prosterner son corps, atteindre la moelle en se prosternant en sampai. Le Zen inclut zazen et raihai. Raihai est le comportement à travers le corps, pratiqué avec sincérité sinon cela devient du formalisme.

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Mer 6 Juil 2011 - 11:00



    Zazen, Raihai

    Hier j'ai parlé des neuf méthodes de raihai. Dans le Zen, nous pratiquons zazen et sampai. Lorsque je suis arrivé à Paris, je disais que le Zen signifie uniquement zazen. Les Européens n'aiment pas trop se prosterner. Mais raihai n'est pas une prosternation pour Dieu. Cela signifie devenir unité avec le divin et ainsi la nature humaine devient ku. Son propre corps et celui des autres deviennent seulement un. Dans le San Sho Doei, Dõgen l'évoque à travers ce poème:





          « Comme l'herbe en hiverInvisible dans le champ couvert de neigeLe héron blanc dans sa propre formeGarde son corps caché.»





    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Heronb12


    Le héron est le symbole de la pureté, de raihai. En Europe, on a développé le savoir, la technologie, les discussions et les gens sont très habiles avec la parole. Souvent les discussions entraînent des disputes et mènent à la guerre, si on ne peut pas négocier un terrain d'entente. En Asie, on a développé les bonnes manières, un comportement délicat par le corps. Parmi les disciples de Bodhidharma, seul Eka a obtenu la moelle de Bodhidharma car, à l'inverse des autres disciples, il n'a jamais essayé de discuter en se servant du langage.
    Les personnes qui viennent faire zazen, recherchent la vraie Voie.
    Comment résoudre la crise de la civilisation actuelle? Il faut élargir son esprit au monde entier, à l'inverse de la plupart des gens qui ont une pensée étroite.
    Les animaux ne peuvent pas discuter et n'ont pas de bonnes manières. Ils sont seulement habiles pour manger, voler ou faire l'amour. Ils ne peuvent faire ni zazen, ni gassho. Toutefois, si on les éduque, leurs manières deviennent belles. L'an dernier, je suis allé dans un cirque où un tigre faisait gassho. Autrefois, les manières étaient plus belles que maintenant.
    Comment rendre notre comportement plus noble? Raihai Tokuzui, faire sampai, signifie obtenir la moelle du Maître.

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    Message par Invité Mer 6 Juil 2011 - 22:19

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Jeu 7 Juil 2011 - 21:28


    L'homme du satori

    « Quand on pratique anutara sammyaku sanbodhi (le suprême et parfait satori, le satori le plus élevé), il est très difficile de recevoir l'instruction d'un vrai bon Maître. Un vrai Maître peut être indifféremment homme ou femme. Il doit seulement être un grand homme, au-delà des héros.
    Il doit être Inmo Nin, l'homme du satori. Il n'est ni un homme du passé ni un homme du présent (il est au-delà du temps, de l'ancien comme du moderne). Il sera, par exemple, pareil au grand moine à l'esprit de renard sauvage qui fut un jour transformé en un moine de haute vertu.
    Tel est son véritable aspect fondamental de vrai Maître qui donne sa moelle ".

    ... (Les gens malades brisent l'atmosphère en toussant. Ils ne suivent pas l'ordre cosmique. Les oiseaux, les canards sauvages qui volent en groupe dans le ciel ne brisent pas l'ordre cosmique. Si tout le monde se concentre, l'atmosphère du dojo est vraiment forte) ...

    « Lui seul peut donner de véritables bienfaits. Il ne sera jamais gouverné par aucun karma. Il ne sera jamais gouverné par aucune pensée personnelle ou émanant des autres ».

    « Puisque vous avez déjà rencontré le vrai Maître, vous devez abandonner toutes les vieilles relations et ne pas passer en vain votre temps. Vous devez vous concentrer à pratiquer la Voie avec effort. Avec la pensée u ou mu, la pensée ou la non-pensée, et même avec seulement la moitié de cet esprit (avec l'esprit u). Vous devez pratiquer comme s'il vous fallait éteindre le feu qui brûle sur votre tête. Vous devez étudier les mortifications de Shakyamuni Bouddha qui pratiqua dressé sur une jambe. » (Bouddha pratiqua cette mortification un an durant, debout sur une jambe comme un héron. Zazen n'est pas une mortification, mais il faut le pratiquer comme Bouddha pratiquait ses mortifications, fortement).

    « Pratiquant ainsi, vous ne pourrez être troublé par vos mauvais amis qui vous trompent et vous critiquent. L'histoire du Patriarche qui s'est tranché le bras et a atteint la moelle du Maître n'est pas l'histoire d'un homme autre que vous. Vous êtes déjà le Maître qui a rejeté son corps et son esprit. »


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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Ven 8 Juil 2011 - 20:03



    Sincérité et foi véritables

    « L'obtention de la moelle du Maître, ou la transmission du vrai Dharma, est accomplie par la sincérité et la foi véritables. La sincérité et la foi véritables ne peuvent venir ni de l'extérieur ni de l'intérieur. Le Dharma est bien plus important que votre petit corps. (Cette phrase vient de l'Agama Sutra. Kodo Sawaki la répétait toujours. Elle m'a beaucoup impressionné). Vous devez vous appesantir sur le Dharma et alléger votre corps. Abandonnez le monde et suivez la Voie, l'ordre cosmique. Vous ne pouvez aucunement transmettre votre corps. Si vous pensez que votre corps est plus important que le Dharma, il ne sera jamais transmis et la Voie ne pourra être atteinte. »
    Si on pense à son propre corps, on se dit : "Aujourd'hui je suis enrhumé, je ne veux pas aller au zazen, sinon je serai fatigué" ; si nous donnons un tant soit peu d'importance à notre corps, et prenons le Dharma à la légère, le Dharma ne pourra pas être transmis, ni la vraie Voie obtenue. Tel est le sens de cette phrase. J'en ai reçu un grand choc. Je répète ces phrases, mais personne n'en reçoit le moindre choc. En lisant ce texte, à moins d'être idiot, tout le monde devrait recevoir un choc ...

    « Vous ne devez attendre aucun autre enseignement. » (Les sutras ne sont pas tellement importants, vous devez simplement suivre le vrai Dharma).

    Mais - dans la pensée de Dõgen, il y a toujours deux aspects – considérons les cas de personnes qui mettent le Dharma au-dessus d'elles.
    Eka obtint la moelle du Dharma. Si vous comprenez Raihai Tokuzui, vous pouvez comprendre tout le Shobogenzo. Traduire le Shobogenzo est très difficile et la plupart des Japonais n'y comprennent rien. Le sens des phrases est très difficile mais très profond. Nishiyama et John Stevens en ont fait une traduction. C'est écrit en bon anglais mais le sens est parfois erroné (1). Si vous comprenez Raihi Tokuzui, vous pouvez saisir la véritable essence du Zen.

    Obtenir la moelle du Maître suppose le vrai Dharma accompli dans la sincérité et la vraie foi. La sincérité parfaite ne peut provenir ni de l'extérieur, ni de l'intérieur du corps. Le Dharma est infiniment plus important que votre petit corps. Donnez tout le poids au Dharma et rendez léger votre corps, et autant que possible, s'il vous plaît, retirez vous des affaires mondaines et installez votre demeure sur la Voie.

    Pourquoi avoir l'esprit du samourai, animé par une forte volonté? Pour alléger son propre corps et donner tout le poids au Dharma. Il existe beaucoup de méthodes mais il faut pratiquer de sa propre initiative, sans dépendre d'un autre enseignement. Vous devez apprécier le Dharma par dessus toute chose. Si une pierre, une colonne, un renard sauvage, possèdent le vrai Dharma et ont atteint la moelle du Maître, il faut faire d'ultimes efforts pour les servir, même au prix du sacrifice de votre corps et esprit. Si on ne pratique pas ainsi, on ne peut pas obtenir le shiho. Il est très difficile de trouver le vrai Dharma
    ____________________________________________________________________________

    (1) : Les deux premiers essais de traduction intégrale du SHÕBÕGENZÕ sont dus à Kôsen Nishiyama, John Stevens et alt. (4 volumes chez Nakayama Shobô, 1975-1983) et Yuho Yokoi (chez Sankibo Busshorin, 1988) mais ces deux essais, qui paraphrasent plus qu’ils ne traduisent le texte original, ne peuvent être à proprement parler considérés (par les chercheurs exigeants) comme de véritables traductions. Ces auteurs ont souhaité privilégier l’accessibilité du texte au détriment des références scripturaires et surtout de l’écriture proprement philosophique de Dôgen.

    Et puis vint la traduction complète en quatre volumes de Gudô Nishijima et de Mike Cross (chez Windbell Publications). Cette version, dotée d’un bon appareil critique, reste à ce jour inégalée. Dans un bel anglais, la traduction suit très fidèlement le texte original. Quelquefois, des phrases de Dôgen à la syntaxe contournée ou en langue vulgaire sont difficiles. Les traducteurs les omettent tous... sauf Nishijima et Cross qui, seuls, rendent le sens exact phrase après phrase.



    M°Gudo Nishijima (célèbre traducteur du Shõbõgenzõ)

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    Message par Invité Sam 9 Juil 2011 - 8:09

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Dim 10 Juil 2011 - 16:18



    Respecter le Maître

    Lorsque vous rencontrez un vrai Maître, vous ne devez pas vous attacher à sa classe sociale, sa nationalité, ni trop regarder son visage, son comportement. Il doit être uniquement respecté pour sa sagesse. Vous devez le servir avec respect et lui offrir la meilleure nourriture que vous puissiez trouver pour sa vie quotidienne. Il faut le servir en répandant des fleurs célestes, faire trois fois par jour sampai devant lui et ne pas lui créer de soucis. En général, mes disciples font l'inverse, si bien que personne ne peut recevoir le shi ho.

    Jadis en Inde, le deva Taishaku-Ten fit sampai devant un renard sauvage et l'interrogea au sujet du Dharma. Taishaku-Ten est un dieu du ciel qui protégeait le Bouddha. Le renard sauvage ne dépendait ni d'un karma noble ou vulgaire ni d'un vernis social.
    Ensuite Dogen donne sept exemples d'imbéciles qui n'ont jamais connu le Dharma et se considèrent comme suit : « Je suis un grand moine, aussi dois-je refuser de faire sampai devant un moine ancien, même s'il a atteint le Dharma... »
    Joshu, un grand Maître de l'époque Tang, de la Dynastie Ta, s'était engagé sur la Voie du satori. Nansen coupa un chat en deux devant lui et lui demanda :
    - Qu'en pensez-vous?
    Il mit une sandale sur sa tête et s'en alla.
    Ou bien une autre histoire :
    - Avez-vous pris votre petit déjeuner ?
    - Oui, bien sûr!
    - Eh bien, lavez vos bols.
    Si un enfant de sept ans vous enseigne le Dharma, il vous faut faire sampai devant lui. Tel est le splendide esprit moral des Bouddhas, des Patriarches. Mon Maître Kodo Sawaki répétait toujours ces phrases. Si vous pratiquez ainsi, vous pouvez réaliser le Dharma. Zazen sans raihai est incomplet.
    Hier, j'ai reçu un magazine féminin très célèbre au Japon. C'est un magazine traditionnel qui est intitulé : " L'ami des femmes". Quand j'étais enfant c'était le seul magazine féminin japonais. Aujourd'hui, il en existe un grand nombre. Mais celui-ci est le plus lu. Ma mère le lisait déjà et elle me montrait les photos de personnalités éminentes qui figuraient dedans. J'étais très impressionné. Un jour, je lui dis : "Certainement, plus tard, je pourrai moi aussi figurer dans ces pages ".
    Cela la fit rire. Mais hier, en l'ouvrant, quelle surprise! Il y avait une photo de moi et un long article l'accompagnait. Ma mère s'est sûrement réjouie dans sa tombe ... C'est une très belle photo. Le titre de l'article est le suivant : " Numéro de la Nouvelle Année, numéro spécial de janvier ... En cette occasion, nous avons voulu donner un nouvel aspect au journal et l'avons intitulé --'- au lieu du titre habituel - Qui est un vrai religieux ? Qui est vraiment en bonne santé ? " ... Aussi un grand nombre de personnes ont voulu le lire, pas seulement les lecteurs habituels mais des médecins, des psychologues et beaucoup d'autres personnes, qui souhaitent recouvrer ou conserver la santé. L'article est sous-titré: "Soigner l'esprit ". C'est ce qui est écrit en grosses lettres sur le bandeau du journal. Chaque mois ce bandeau est différent.

    Je suis la première personne désignée comme celui qui soigne d'abord l'esprit ! C'est très intéressant. On y découvre quatre pages concernant la "Gendronnière", le château, la posture de zazen. Et, en conclusion: " Le nouveau siècle attend d'être appréhendé comme le fait ce moine. Le monde attendait la venue d'un tel moine ". C'est une bonne conclusion. Ils sont diplomates pour la Nouvelle Année. Mais je crois que les Japonais commencent à comprendre. Après quinze ans ! Au début ce n'était que critiques et jalousie.
    Les Japonais ne pratiquent plus zazen, les Européens si. Le journal juge sévèrement les moines japonais qui ne peuvent plus enseigner le zazen, et qui disent: " Les Européens aiment les antiquités japonaises ". C'est stupide! Maintenant les Japonais commencent à comprendre. Ce magazine et d'autres imitent mon éducation: "Zazen est la meilleure méthode pour devenir neuf, avoir un cerveau frais et retrouver de l'énergie",
    C'est ce que j'enseigne durant les kusens. J'ai enseigné cela le premier.
    Maintenant les médecins psychologues le disent à leur tour, tel le Docteur Ikemi. Recevoir le kyosaku est aussi une des meilleures méthodes : les tendons retrouvent une juste tension, la nuque, la taille se redressent, les jambes et un grand nombre de points sont stimulés en même temps. Dans la journée, lorsque vous marchez, votre cerveau devient clair, il s'éveille. Il faut entraîner le cerveau. Dormir est excellent, mais il faut aussi stimuler le cerveau. Chaque jour, le nombre de neurones diminue et s'affaiblit. Si l'on stimule le cerveau, les neurones retrouvent du tonus, sont rafraîchis, renouvelés, et l'hypothalamus devient fort, favorisant ainsi une bonne santé.


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    Message par Invité Dim 10 Juil 2011 - 16:50

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 3 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Mar 12 Juil 2011 - 8:49




    Pas de différence entre homme et femme


    Dans le Shobogenzo, Dõgen utilise toujours le kanji Jodo. Il s'agit de l'autel du Bouddha, dans le Bouddha hall. Quand le Maître veut faire une conférence ou un mondo, il monte sur l'estrade de l'autel, devant la statue de Bouddha recouverte d'un tissu. Jodo signifie: monter devant l'autel. « Devant l'autel, il prononce telle et telle paroles ... "

    « A l'époque de l'Empereur de la dynastie Song, une nonne était devenue célébre pour sa pratique et sa réalisation du Dharma. Elle avait été nommée Maître d'un célèbre monastère. A la demande de l'Empereur, elle fit de nombreuses conférences dans la salle du Dharma. »

    Dans les petits temples, le dojo, la salle du Dharma (salle des conférences) et la salle du Bouddha (salle des cérémonies) sont réunis en une seule pièce. A la Gendronnière comme à Paris, tout se fait dans le seul dojo. Le salon fait parfois office de Bouddha hall. Mais un dojo est suffisant. Dans les temples traditionnels, il y a ces trois pièces.
    Jodo s'accomplit dans le dojo ou dans la salle du Dharma.

    « Le chef de temple et tous les autres moines rassemblés dans le Dharma hall ou dans le dojo écoutent ses proclamations du Dharma. Le mondo sera mené à la manière des bikkhus, moines. La se•sshin sera dirigée à la manière des bikkhus. C'est la règle traditionnelle. Après que quelqu'un ait réalisé le Dharma du Bouddha et qu'il soit devenu un Bouddha du passé, on ne doit pas penser aux réunions qui ont eu lieu avec lui avant qu'il soit devenu un Bouddha du passé. Si on rencontre cet homme après qu'il ait eu le satori (cela semble faire allusion à un satori qui n'a lieu qu'une fois, au shihoJ. cette réunion aura lieu sur des bases nouvelles; il ne faut penser alors qu'aux nouvelles circonstances.
    C'est pourquoi la nonne qui transmit le Shobogenzo, la véritable essence du Zen, le trésor de la vraie loi, du vrai Dharma, a été honorée et instruite par arhat. Les trois sages et les dix saints de la tradition taoiste devraient être honorés par sampai et raihai.

    Quand la vacuité universelle est la vacuité universelle, les quatre éléments sont les quatre éléments, les cinq agrégats sont les cinq agrégats, le cosmos est le cosmos. Shiki ju so gyo shiki, tout ce qui constitue le corps et l'esprit, sont les cinq agrégats. Homme et femme sont identiques. La Voie peut être réalisée aussi bien par un homme que par une femme. Il faut respecter également leur réalisation du Dharma.
    Il ne faut pas faire cas de la différence entre homme et femme. Ceci est un principe fondamental de la suprême Voie du Bouddha. »

    Telle est la véritable essence. Il n'y a pas de séparation entre homme et femme. Il n'en allait pas ainsi dans les autres religions, pas même dans le Bouddhisme. Mais Dõgen accueillait les femmes. Il ne respectait pas les aristocrates. Il aimait beaucoup le peuple. Dõgen a influencé les Japonais jusqu'à nos jours. La moitié des Japonais pratiquant le Zen sont rattachés au Soto Zen, l'autre moitié est pour un tiers Nembutsu, un tiers Shingon, un tiers Tendai, Sokagakai, etc. Les membres de la Sokagakai sont fous. Un article du « Monde» les accusait d'être fous et corrompus ... Quoi qu'il en soit, Dõgen accueillait les femmes.

    « En Chine, des laïcs n'ayant pas renoncé au monde se sont pourtant consacrés à la Voie du Bouddha. Des célibataires ou des couples mènent des vies pures au sein des souillures et des souffrances de ce monde ».
    Certains bodhisattvas, kojis, sont mariés, d'autres non. Certains sont très pauvres. Ou divorcés: leur femme est partie. Certains sont célibataires. Il y a de nombreuses situations. A l'époque moderne, c'est encore plus compliqué. Certains ont deux femmes, ils sont assis sur deux chaises, d'autres n'ont pas de chaise. Dõgen a voulu évoquer toutes les situations. A son époque, au Japon, c'était très simple : soit on était marié, soit on ne l'était pas. On ne pouvait pas avoir de rapports sexuels avant le mariage. Les moines et les nonnes ne se mariaient pas. Il était difficile de prendre la femme d'un autre. Avant la guerre, la loi était très dure, les amants adultères allaient tous deux en prison.

    « Ils tentent de clarifier la même chose que les moines qui sont devenus Maîtres et ont rassemblé beaucoup de monde pour faire sampai devant eux et recevoir leur instruction. Qu'importe qU'ils soient homme, femme ou animaux. Ainsi, même ceux qui sont moines depuis cent ans, et qui n'ont pas vu le Dharma du Bouddha dans leurs rêves, ne peuvent surpasser ces laïcs, hommes ou femmes. »

    ... Hier j'ai parlé des kojis. L'exemple suivant est tiré de la Chine. En Chine, il y avait des kojis, c'est-à-dire des bodhisattvas comme Daichi qui, bien que n'ayant pas renoncé au monde, continuaient zazen, même n'ayant pas reçu l'ordination, et qui étaient amis intimes avec leur Maître.
    Jadis en Chine, on trouvait ainsi beaucoup de gens cultivés, des responsables, des gouverneurs, des professeurs, tout à fait intimes avec un Maître Zen et continuant "étude du Zen dans les livres. C'est être koji. Ce sont aussi de grands hommes qui se sont consacrés à la Voie de Bouddha, sans pour autant recevoir "ordination de moine.
    Célibataires ou mariés, ils pratiquent une vie morale et pure au milieu des souillures et des souffrances du monde social. Ces personnes essayent de comprendre les mêmes choses que les moines qui eux se réunissent pour faire des études et pratiquer raihai. Il n'y a pas de différence entre les hommes, les femmes et mêmes les animaux. Ceux qui n'ont pas entrevu le Dharma du Bouddha, même en rêve, seraient-ils moines et âgés de cent ans, ils ne peuvent dépasser les bodhisattvas qui ont atteint le vrai Dharma, et n'ont pas à être vénérés. On ne peut que les saluer comme quelqu'un salue son hôte.

    Dõgen continue: « Qui que ce soit, par contre, qui pratique et réalise la vraie Voie de Bouddha - même une petite fille de sept ans – sera le père compassionné de tous les moines, nonnes et êtres vivants.
    Dans le Sutra du Lotus, il est dit que la fille du roi du dragon devint nonne. Elle dut être respectée comme tous les Bouddhas et Tathagata.
    Ceci est la pratique et l'attitude traditionnelle de la Voie du Bouddha.
    Ceux qui ne savent pas cela et à qui manque la vraie transmission, sont dignes d'une grande pitié ».
    Hier, j'ai traduit jusque-là. Dõgen termina d'écrire ce texte par line belle journée de mars 1240 au Dojo de Eiheiji. Le texte du Raihai continue encore avec l'analyse concernant plus spécialement les femmes (à ce moment-là au Japon, dans beaucoup de religions, les femmes n'étaient pas tellement importantes). Dõgen s'est opposé ce système: la femme pour lui était l'égale de l'homme. Elles pouvaient bien être impératrices, princesses, pourquoi pas nonnes, et respectées de tous.
    La femme et l'homme sont semblables. Ce sont les gens les plus stupides, qui ne peuvent changer leurs opinions erronées, qui pensent que la femme n'est qu'un objet sexuel pour l'homme. S'il en est ainsi, l'homme est aussi un objet de désir sexuel pour la femme.

    Dõgen, jusqu'à sa mort, ne connut pas de femme. Mais il les respectait et les louait, et il enseignait que les disciples ne doivent pas avoir de telles opinions. Si l'homme, disait-il, crée un mauvais karma à cause des femmes, il devient lui-même un objet sexuel. Et bien d'autres rêves, illusions, erreurs deviennent cause de mauvais karma. A l'époque du Bouddha, il était dit qu'une femme qui contemplait l'image de son organe génital dans le miroir créait un mauvais karma, et le moine réchauffant son organe sexuel au soleil créait aussi un mauvais karma. Même Dieu ou le Diable peuvent devenir objet du désir sexuel. Tout peut devenir cet objet. Les exemples en sont innombrables.

    Dans la nature, il y a quatre-vingt-quatre mille objets. Nous devons donc abandonner tous les objets. Le pouvons-nous ? C'est la loi de Bouddha.
    La femme possède un orifice de plus que l'homme et ce petit objet devient la source bien souvent d'un karma brisé. C'est pourquoi, ceux qui en viennent à cela ne peuvent être autorisés à vivre dans la Sangha.
    J'ai lu derrière les mots. Dõgen a écrit beaucoup de choses.

    « Dans les temps anciens, comme à l'époque moderne, il y a des femmes qui sont devenues Impératrices et la terre leur appartient. Tout le monde respecte leur position, comme celle d'un roi ou d'un empereur.
    Les nonnes ne sont pas respectées pour elles-mêmes, mais pour avoir atteint le Dharma, pour être devenues comme des Arakans et pour avoir réalisé toutes les vertus des Sages et des Ancêtres. Elles doivent suivre ces vertus. Tous les êtres peuplant la terre ne peuvent être au-delà des ascètes, des arhats et ne peuvent les surpasser. Les sept Sages doivent les respecter dans la mesure où ils sont mushotoku et ont abandonné tout attachement à leurs vertus. Oublier ses propres vertus est être mushotoku. Dire : « Je ne me trompe pas ", ce n'est pas être mushotoku. Nous devons respecter plus encore ceux qui ont transmis le vrai Dharma du Bouddha et qui ont produit le grand esprit de Bouddha. Ils sont de grands bodhisattvas. Si on ne les respecte pas, c'est que l'on est stupide et que l'on ne se respecte pas soi-même.
    Celui qui ne respecte pas l'esprit de Bouddha est un imbécile qui critique la vérité de Bouddha... ".

    Un autre exemple se situe au Japon. La fille d'un Empereur était devenue Impératrice et avait aussi reçu le nom le plus élevé de Bodhisattva, celui de ln, décerné aux grands moines et jadis aussi aux aristocrates, ou à ceux qui bâtissaient un temple. Je pourrais recevoir ce nom pour la Gendronnière. Aujourd'hui, 'il est possible d'acheter ce nom avec de l'argent. Lorsque des gens riches meurent, les temples leur dédient souvent ce nom de ln. J'ai écrit ce nom sur la tombe de Rose-Marie: Shogetsu-In. L'impératrice reçut donc ce nom, le plus haut du Bouddhisme.
    Certains moines avaient rasé leur tête, l'Impératrice non. Mais les moines flatteurs se prosternaient devant elle,  touchaient ses pieds de leur tête, se montraient obséquieux comme des serviteurs et devenaient jusqu'à leur âge le plus avancé comme des esclaves en face d'elle.
    C'est grand dommage et c'est très triste. Bien qu'ayant rasé leur tête, ils avaient brisé le vrai Dharma du Bouddha. Leur faute est lourde et très profonde.

    Dõgen continue ainsi son récit, en droite ligne. Seul est important le Dharma. Seulement continuer zazen et pratiquer raihai devant un vrai Maître qui comprend et enseigne le vrai Dharma, et fait zazen. Celui-là seul est à respecter. Les autres, inutile de se prosterner jusqu'à terre devant eux. Les hommes politiques par exemple, inutile de faire raihai pour eux. Seuls ceux qui continuent zazen doivent recevoir raihai.

    Il n'y a pas de classes dans le dojo: ni hommes ni femmes, ni jeunes ni personnes âgées. Les classes sociales ne sont à respecter que dans le social.

    Pratiquer zazen sans faire sampai ou gassho reste une méthode de santé. C'est seulement écologique.

    Pourquoi Eka reçut-il le shiho de Bodhidharma ? Bodhidharma fit un mondo avec ses disciples. Certains connaissaient tout le Confucianisme, l’histoire chinoise et se montrèrent très érudits. Chacun parla beaucoup. Seul Eka se tut. Il se leva, fit sampai et kin-hin. Bodhidharma lui dit: « Vous avez obtenu ma moelle, l'essence du Zen. "

    En pratiquant raihai, on abandonne son ego, on se rejette soi-même.
    On peut remarquer que depuis l'époque préhistorique, l'homme n'a pas beaucoup changé. Il est toujours motivé par la nourriture, le sexe et la lutte. J'ai vu hier soir un film: « La guerre du feu ", montrant combien jadis les manières de l'homme étaient simples et naturelles. Lorsqu'il voulait faire l'amour, l'homme arrivait derrière la femme qui faisait la vaisselle et la prenait. La nourriture et la lutte étaient simples et naturelles.
    La bombe atomique n'existait pas. Tout au cours du film, on montre le comportement de l'homme devant la nourriture, le sexe et la lutte, et la recherche du feu, exactement semblable à la science aujourd'hui. Puis la femme tombe enceinte et regarde son ventre rond. L'homme regarde la lune... Jadis, lorsque quelqu'un mourrait, on faisait sampai autour du cadavre. Le plus important est de pratiquer raihai et la méditation.

    Do : la Voie, parfois la parole. Dans le Christianisme on dit: " Au commencement était le Verbe ". En Chine, on parle de la Voie; en sanscrit, du Dharma.
    Bodhidharma. Bodhi : satori. Dharma : Ho, l'ordre cosmique, la Loi universelle.



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