steffzen a écrit:Comme je le disais je ne sais où, le sanga insiste sur le fait que la Voie se pratique au seint même de la réalité, le social et non en "retrait", trop facile. Donc les moines sont invités à pratiquer au quotidien dans leur propre réalité sociale et non en érmitage dans un temple ou seul.
Et si ce milieu social "propre" à l'individu ne reflète aucune réalité, s'il est un tissu de mensonges et de voiles, conseillerai-t-on tout de même de pratiquer dans ce milieu, de convaincre l'entourage-dictateur du bien-fondé de la voie ? Ou bien lui conseillerai-t-on de se convertir à une autre réalité sociale, fabriquée également de toutes pièces et de tous voiles, à l'instar de pas mal de "communautés pratiquantes" ?
Ou alors il peut choisir un environnement sans voile, sans mensonge, cent pour cent réel, mais pas propre à la réalité virtuelle précédente de l'individu.
Je ne crois pas qu'un milieu social soit propre à un individu. En revanche, un milieu naturel, certes largement dépourvu en "sociabilité", requiert une adaptation de tout instant de la part du pratiquant. L'ermite n'est pas plus seul que le moine, ou que le laïc, c'est la manifestation du mot "autre" qui change en fonction de l'environnement, tout simplement. On peut être plus intime à un arbre qu'à un humain, et en tirer une opposition qu'un homme aurait du mal à nous faire percevoir.
Quand tu dis: c'est trop facile de vivre en retrait d'un milieu social d'origine. Cela implique-t-il l'idée d'une dette de l'individu au milieu social?
Si dette il y a dans le milieu de vie de l'ermite, tous les jours elle est différente, et tous les jours elle s'estompe. Le monde n'est plus figé, ce n'est plus un tableau de notre monde conceptuel.
Il n'y a plus d'attachement possible à un lieu, puisqu'il change tout le temps, et que l'on doit changer avec.
Bien sûr, l'ermite totalement indépendant se fait rare, alors on peut toujours prendre l'exemple des ermites à la tibétaine, qui reçoivent un peu de nourriture de temps en temps, et qui se débrouillent le reste du temps. De cette façon, les pratiquants de ces lignées peuvent pratiquer plus de 10 ans dans ces conditions.
Quand à l'opposition fuite/don, dans un mode de vie subit par un véritable ermite, cette opposition s'estompe, et le don est réalisé par la simple action solitaire, spectateur ou pas spectateur Plus d'autre, plus de soi. Et qu'y a-t-il à fuir? Et à donner?