D'accord, ni bien ni mal, mais alors ton attachement à l'éveil et ton
aversion envers l'ignorance, qu'en est-il? Et l'aversion envers la
souffrance, et l'attachement au manque de souffrance? Si on rejète
l'ignorance en tant que mal, alors on rejète le mal, si on s'attache au
bonheur en tant que bien, on s'attache au bien.
C'est une analyse très manichéenne non ? L'ignorance ne conduit pas nécessairement au bien, ou au mal. L'ignorance conduit à un manque de justesse, par son aveuglement. Elle ne permet pas l'émergence de Prajna, qui est sagesse.
Avec des "Si", on peut refaire le monde.Si on recherche
le bonheur c'est parce que l'on est attaché au bonheur, et alors,
d'après ton schéma partiel des causes à effets, tout attachement
entraîne la souffrance, mais comme je le disais, et si le super
criminel de tout à l'heure n'agissait pas pour faire souffrir, ni pour
empêcher la souffrance, ni pour créer ou chercher du bonheur, ni pour
créer ou chercher du malheur, bref s'il agissait de la sorte dans une
perception non dualiste? Comment doit-on alors le considérer? Doit on
suivre sa voie vers l'éveil?
Un bouddhiste évite les actions négatives non parcequ'elles sont immorales, mais parcequ'elles troublent l'esprit, comme la vase trouble l'eau d'un étang lorsque celle-ci est remuée.
La boddhicitta, la volonté d'éveil de l'aspirant, et toujours emprunte d'ignorance, puisqu'elle n'a d'autre motivation que la recherche du bonheur, en effet et de rechercher ceci, pour obtenir cela....
Cependant l'éveil est sans objet. C'est une quête de la non-quête et du sans-objet. Elle a l'apparence d'une quête duelle ( recherche du bonheur) sans en avoir le goût car sans objet.
Elle a pour but de se libérer de l'objet. mais c'est un non-but, sans objet.
Pour guérir de la morsure du serpent on utilise un vaccin, fabriqué à partir du venin lui-même.
Dans le Bouddhisme on nomme cela "moyen habile".