Sur les sites Bouddhistes, on ne voit pratiquement que des individus éveillés ou du moins qui se disent tels. Mais n’est-ce pas au fond une chose qui s’accorde à l’intention des enseignements, qui tendent à nous libérer du doute. Se libérer du doute quant au fait que nous soyons éveillés n'est-il pas déjà essentiel en soi. N’y a-t-il pas une certaine hérésie à espérer trouver des réponses au dehors de notre propre expérience sous couvert de se dire soi même non éveillé ?
Se dire éveillé c’est affirmer notre certitude dans le fait qu'il ne puisse loger en nous aucun être que nous pourrions dire ou ne pas dire éveillé, c'est se sentir soi-même comme autonome, c’est sentir que la vie est à elle seule la réponse et c’est voir dans toute forme de tentative par l’homme de mettre la main sur l’Esprit, une forme de limitation qui jamais ne pourra englober l’expérience dans toutes ses particularités et dans toute sa richesse. C'est être seul sous sa propre lumière.
Se dire non éveillé c’est entretenir une pensée qui détermine qu’il puisse y avoir une forme particulière et aboutie de l’esprit qui puisse nous échapper. Ainsi, c’est plutôt depuis la forme présente de notre esprit que devra partir la certitude, certitude qui n’a plus à être confirmée d’ailleurs par la pensée même de notre propre réalisation. Cette certitude effacera toute trace d’éveil.
Pourtant si on me demandait si je suis éveillé, pour toutes les raisons que j’ai dites, je ne pourrais répondre que par l’affirmative car le contraire serait une forme de négation de mon identité avec l’UN ce qui serait aussi une façon de scinder l’autre et de ne pas reconnaître en lui mon semblable en tout point, ceci dans une perception qui quoi qu’il en soit peut être différente de la mienne, qui lui appartient, mais qui reste et c’est cela qu’il faut noter, l’une des expressions totalisantes du monde.