C'est oui et non : quand on le trouve, ça roule tout seul, mais faut vouloir le trouver...et laisser tomber le fait de le trouver par la volonté!!
C'est la fameuse histoire de la corde de cithare : trop tendu ça casse, trop làche ça ne sonne pas.
Les pensées c'est pas grave; c'est le rapport qu'on entretient avec elles qui nous devient un problème. Surtout nous occidentaux, conditionnés à penser grave, on nous dit qu'il faut se calmer, du coup on pète les plombs comme un toxico en sevrage!
Hishiryo, ça veut dire au-delà de la pensée, et donc au-delà de la non pensée.
C'est ce vide de toute représentation qui englobe aussi la pensée, mais qui permet de prendre conscience qu'on est un atome d'un grand tout, et en même temps une totalité assumée, reflétant ce grand tout.
Quand on pense, on est comme une télé qui transmet une émission : on est traversé par des ondes.
MAis la plupart du temps, notre conditionnement à se prendre pour le chef de soi-même nous porte à croire qu'on maîtrise ce qu'on pense, alors qu'on est pensé par nos influences.
Il vaut donc mieux s'asseoir et réaliser qu'on est le jouet de notre karma, que passer son temps à s'agiter pour tenter de garder une vague maîtrise sur un processus dont on reste ignorant quant à son fonctionnement.
Après, dans le quotidien, parfois il faut penser, volontairement, réfléchir, calculer, être stratège.
Mais en zazen, on supprime tous les enjeux du quotidien, du pouvoir sur la réalité, on fait total retour à ce qu'on est, on essaie de comprendre comment on fonctionne, on s'observe.
La concentration ne consiste pas tant à se fixer sur un objet tel que la respiration : la respiration est un outil parmi d'autre pour ne plus entretenir la force de ses pensées...à un certain niveau, il faut laisser la concentration se concentrer, alors elle se mélange à un espace qu'on pourrait nommer lâcher prise, mais qui à mon sens est bien au-delà de cela : on ne peut le nommer, et quand on s'y familiarise, on trouve ça cosmiquement cool, car il n'y a plus rien à prouver à personne, ni même à chercher à arrèter de penser.
Par contre les trucs futiles deviennent très futiles, on se rend compte qu'on est bien avec rien que soi-même et ce qui est là comme c'est.
Puis de toutes façons, ça s'arrète : la cloche sonne.
on retourne dans le potentiel bordel du monde.
Si on s'est attaché à cette expérience, alors on souffre la mort : on voudrait que ça ne s'arrète jamais, alors on voudrait aller là haut dans la montagne, là bas dans le temple, on croit que ce sera mieux que ce monde phénoménal de merde à chier.
Or, un fois dans la montagne ou le temple, on se fait chier à moment donner, et toute perturbation devient encore pire que la précédente. On veut se cacher toujours plus loin des perturbations, mais en fait on y est de plus en plus sensible, on est dépendant du calme extérieur, et on ne le trouve pas en soi.
Donc quand la cloche sonne on retourne dans le potentiel bordel du monde.
Mais on sait qu'il existe une possibilité d'être non perturbé par tous ces courants karmiques qui nous agitent, qu'ils nous soient internes ou externes.
Donc même si on peut rester réactif, on devient de moins en moins dépendant de ce qui nous agresse de l'extérieur, car on sait qu'il existe autre chose qu'action réaction, attirance rejet, mais un espace sans condition de vie, un truc d'existence gratuite et tranquille, sans enjeu de pouvoir ou de maîtrise de l'autre ou de l'extérieur, ni même de l'intérieur.
Ce truc est difficile à nommer, mais il permet de penser, parfois trop, mais on sait que cet état n'est ni permanent, ni notre vraie nature, donc il permet de ne pas être prisonnier de ces aléas de la vie, de relativiser.