Zenoob a écrit:Oui oui, c'est ce qui se passe la plupart du temps ; en fait ça oscille entre ces moments de perception toute simple, et les pensées qui viennent juger cette expérience.
Pour la posture, ce qui se passe aussi, c'est que parfois c'est dans mes sensations physiques que je ne me sens pas droit, un peu penché d'un côté ou de l'autre, une épaule trop tendue, une fesse qui appuie plus que l'autre ; les frustrations posturales ne sont pas que mentales, elles sont ressenties physiquement puis interprétées comme étant incorrectes. Ca je le vois à peu près clairement. C'est plutôt mon attitude par rapport à ça qui me pose problème : ça m'énerve de ne pas me sentir parfaitement droit, des fois j'ai envie de gueuler ou de jurer, ahahha. Et puis par moment ça me fait vraiment marrer d'être comme ça, je sors de zazen en me disant "mais tu te rends compte à quel point tout ça n'a aucune importance et n'est pas grave ?".
Oui.
Si tu arrives à ne plus te juger comme tu le fais, mais regarder le jugement juger sans plus t'y identifie, tu te rendras compte qu'il est fort possible que ton corps se corrigera de lui-même, que ce ne sera plus un observateur juge censeur qui corrige à partir d'un dualisme corps contre mental.
La méditation assise, c'est au final observer l'important.
Quand on devient observation, en cessant d'etre observateur, alors les choses deviennent différentes.
Il n'y a plus une posture à faire tenir droit, ni une respiration qui fait plier un dos.
Il n'y a plus que le poids d'une flamme sur le zafu, comme le dit la jolie mais réelle formule.
La pratique redresse le dos sans contrainte, respectueuse des limites karmiques du corps esprit.
On pratique dans ses limites, l'au-delà de ses limites.
Alors on voit que la voix qui dit qu'on n'est pas assez droit, est juge et partie.
Car lorsque le corps est droit, il n'y a pas à juger ce qui est parfait.
et quand il ne l'est pas, il y juste à redresser ce qui ne l'est pas.
Et voir que ce qui juge le fait car il y a séparation entre ce qui tente d'objectiver l'être qu'on est en transformant des sensations corporelles en pensées, saisies mentales, et donc séparation entre corps et esprit.
Pour ça que je pense que techniquement, revenir aux sensations est important.
N'oublions pas que dans le bouddhisme "'orthodoxe", il y a six organes des sens, et que le mental en est un.
Si on considère le mental, donc les pensées, y compris sur soi-meme, comme une sensation, une appréhension de la réalité, un organe de perception, de contact entre soi et ce qui nous environne, c'est très très différent comme usage de ses pensées, que celle d'y croire comme à une parole absolue.
Mais notre culture est infiltrée de ce truc patriarcal du chef de clan, les religions du Livre sont habitées de cela : la Parole est la Loi, et celle du Père. La psychanalyse analyse cela, tout en restant dans ce paradigme.
Alors si on pratique zazen et interprète le bouddhisme en gardant ces atavismes culturels comme base de fonctionnement, alors on ne peut vraiment comprendre de quoi il s'agit.
Car en fait zazen c'est réellement mourir à nos conceptions du monde, à tout ce qu'on croit savoir, à notre karma et notre culture, et entrer dans le profond silence cellulaire de ce qu'on est vraiment qu'on ne peut ni dire ni concevoir, mais seulement être.
C'est, je sais, trop de mots pour désigner Cela qui est indicible, mais on peut toujours essayer.